J'aimerais insister sur cette question. Depuis ce matin, on entend dire que le taux de défiance en France est absolument considérable. Alain Fischer nous a dit que la polémique sur les adjuvants aluminiques ne se pose quasi-exclusivement qu'en France. Je repose la question : qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui est particulier en France, ou comme dit le président Gérard Longuet, quelle est la singularité française par rapport à ce débat ?
Pr. Alain Fischer. - Brièvement, il y a quand même eu des cas spécifiques analogues dans d'autres pays. Le lien entre le vaccin ROR et l'autisme a certes eu des retombées en France, mais c'est surtout une affaire anglo-saxonne, britannique et nord-américaine. Concernant l'adjuvant aluminique, il se trouve que le médecin qui a mis le sujet en exergue est français - il a un impact médiatique en France plus important qu'ailleurs. Ensuite, je pense qu'il existe, en France, une propension à la suspicion à l'égard des autorités de santé. Les crises sanitaires ont été évoquées, tout comme les crises spécifiques au champ de la vaccination. Tout cela fait qu'en France, une fraction des professionnels de santé et de la population générale est plus sensible aux arguments de défiance à l'égard de la santé publique en général, et donc en particulier de la vaccination.
Pr. Henri Partouche. - Je vais répondre à la question posée sur la formation. Depuis l'instauration du DESC16(*) de médecine générale, nos jeunes médecins généralistes sont très bien formés, sur la vaccination également. Ils ont aussi acquis un esprit critique qui les pousse à consulter les études scientifiques. Et à ce propos, je regrette, Monsieur Fischer, mais quand vous dites qu'il a été montré que le vaccin HPV réduit le taux de cancers du col de l'utérus, nos jeunes médecins disent que c'est faux, parce que les critères d'évaluation de ce vaccin sont des critères intermédiaires - à ce stade, c'est l'effet du vaccin sur les lésions précancéreuses qui a été évalué. En effet, il faut une vingtaine d'années pour prouver que cela va réduire l'occurrence des cancers eux-mêmes. La communication doit être loyale et précise, c'est ce qu'attendent les médecins généralistes.
Pr. Alain Fischer. - J'ai très précisément dit que les études montraient une réduction très forte de la survenue de lésions précancéreuses. On peut logiquement en inférer que cela réduira la survenue de cancers.