Intervention de Manon Berriche

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 14 novembre 2019 à 9h50
Audition publique sur l'hésitation vaccinale un phénomène multifactoriel : constat étude et pistes d'évolution

Manon Berriche, doctorante en sociologie de l'information et de la communication :

Merci madame la sénatrice, nous sommes très honorés de cette invitation. Notre présentation va porter en effet sur les résultats d'une étude que l'on vient de réaliser spécifiquement sur Santé+ Mag. Cela ne concerne pas directement la question des vaccins, mais permet d'approcher la prévalence des fausses informations qui peuvent circuler dans l'écosystème médiatique français, et surtout de questionner les raisons de leur succès.

Pour cela, nous nous sommes appuyés sur la page Facebook de Santé+ Mag qui est très souvent identifiée par de nombreux médias, et aussi par quelques chercheurs, comme emblématique de la « mal-information » en santé. Nous voudrions insister sur les limites des études sur le phénomène de la désinformation, que ce soit dans les journaux ou dans certains articles de recherche.

La première limite, c'est de ne pas faire la distinction entre différents espaces de communication qui n'ont pas les mêmes propriétés. Dans l'espace public traditionnel, les informations qui circulent ne sont pas les mêmes que sur les réseaux sociaux. Ce qui va rendre une information visible dans l'espace public traditionnel, c'est son autorité, le fait qu'elle soit citée beaucoup par d'autres médias, alors que sur les réseaux sociaux, c'est sa popularité, le fait que les internautes réagissent à ces informations à travers les « like » et en les partageant dans leur cercle privé.

Il est souvent dit que l'internet a complètement dérégulé le marché informationnel or, en France - mais c'est peut-être différent ailleurs -, les sites d'information les plus visités restent les médias traditionnels. Le top 5 des médias traditionnels les plus consultés en 2017 est lefigaro.fr (22,3 %), lemonde.fr (19 %), francetvinfo.fr (14,7 %), huffingtonpost.fr (13,8 %) et 20minutes.fr (12,6 %). Le site internet santeplusmag.fr ne représente que 3,1 % de l'audience totale. Mais la popularité de la page Facebook de Santé+ Mag est complètement différente, elle a deux fois plus d'abonnés que la page Facebook de lemonde.fr, et au total, génère à elle seule cinq fois plus d'interactions que la combinaison des cinq médias traditionnels les plus consultés.

La deuxième limite, c'est de s'arrêter à ces chiffres et de penser que, parce qu'il y a beaucoup d'interactions sur une page Facebook, celle-ci étant présumée vecteur de fausses informations, les internautes seraient crédules et très réceptifs aux fausses informations. Notre objectif avec Sacha Altay a été d'aller au-delà de ces données, et de nous interroger vraiment sur ce que partageait la page Facebook de Santé+ Magazine, en essayant surtout de voir précisément quels types d'informations généraient le plus d'engagements de la part des internautes, c'est-à-dire de « likes » et de partages.

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