Monsieur le président, mes chers collègues, madame la secrétaire d’État, l’engrenage militaire et guerrier tant redouté entre les États-Unis et l’Iran est désormais enclenché.
L’irresponsabilité de Donald Trump est immense. Après avoir torpillé l’accord sur le nucléaire iranien, il vient, avec l’assassinat ciblé du général Soleimani, de faire le choix délibéré d’attiser une nouvelle fois la guerre dans la région.
La riposte iranienne est la conséquence programmée de cette logique de guerre voulue par le président américain. Le feu vert donné à l’offensive turque en Syrie et peut-être très bientôt en Libye n’en était qu’un sinistre prélude…
La logique américaine est manifestement celle de la guerre sans fin au Moyen-Orient. Les guerres s’enchaînent depuis trente ans et aucun des conflits ne s’est réellement achevé sans que s’ouvre un nouveau front, augmentant sans cesse les destructions des sociétés.
De surcroît, cette logique vient de réussir le tour de force de ressouder la population derrière le régime autoritaire des mollahs en Iran, en reléguant au second plan les puissants mouvements de protestation populaire qui, en Irak, en Iran et au Liban, cherchent des voies de justice et de démocratie nouvelles.
La France, madame la secrétaire d’État, ne doit pas se laisser entraîner dans cette logique. La France ne peut pas s’en tenir à des déclarations appelant à la désescalade sans situer les responsabilités, sans condamner fermement l’initiative illégale prise par Trump, d’ailleurs largement condamnée aux États-Unis.
J’ai trois questions précises à vous poser, madame la secrétaire d’État.
Premièrement, la France exclut-elle réellement tout engagement militaire supplémentaire qui lui ferait emboîter le pas aux Américains ?
Deuxièmement, est-il exact que, dans les contacts au sein de l’OTAN et dans la conversation téléphonique entre le Président de la République et Donald Trump, la France ait assuré le président américain de son plein soutien dans cette affaire ?
Troisièmement, le Gouvernement – je m’adresse aussi au Premier ministre – est-il prêt, en tout état de cause, à titre exceptionnel et compte tenu de la gravité du moment présent, à saisir le Parlement d’une déclaration suivie d’un vote si la question se posait d’autoriser ou non un engagement supplémentaire des forces militaires françaises…