Monsieur le sénateur Pierre Laurent, ce qui est en jeu aujourd’hui est bien, au fond, le résultat d’une mauvaise réaction iranienne à une mauvaise décision américaine de sortir de l’accord sur le nucléaire de 2015, le JCPoA, et d’imposer une logique de sanction maximale.
Je répète ici que nous ne soutenions pas cette décision américaine, qui date de mai 2018. Nous avons alerté la communauté internationale sur les risques que de mauvaises initiatives soient prises de part et d’autre. Nous avons d’ailleurs alerté, dès septembre 2017, sur le risque d’une escalade des tensions régionales et nous avons engagé des initiatives en faveur d’une nouvelle négociation globale qui préserve l’accord nucléaire et le complète par une négociation sur les missiles et la stabilité régionale.
On le sait, cette mauvaise réaction iranienne s’est d’abord traduite par des violations successives de l’accord nucléaire, aujourd’hui en danger, car il a été vidé de sa substance. Des actions de déstabilisation régionale ont également été conduites depuis six mois.
Ces mauvaises décisions mènent à la crise que nous connaissons aujourd’hui. Dans ce contexte, nous avons dit qu’il était inacceptable que des attaques soient conduites contre la coalition qui lutte contre Daech, et contre celle-ci seulement, car la poursuite de la lutte contre Daech est un impératif de sécurité pour nous, pour l’Irak et pour la stabilité régionale. C’est à l’endroit des partenaires de la coalition contre Daech que nous avons exprimé notre solidarité, parce que des emprises utilisées par cette coalition qui lutte contre le terrorisme ont été attaquées. C’est à ce titre et à ce titre seulement que nous sommes solidaires.
Je fais une distinction très claire avec l’action américaine contre le général Soleimani, qui n’est pas une action de la coalition contre Daech. Elle a été décidée sans consultation de la France par les États-Unis, sur la base de considérations de sécurité nationale. Il s’agit donc d’une initiative américaine, de la seule responsabilité des États-Unis.
La priorité absolue, monsieur le sénateur, n’est pas d’engager une nouvelle épreuve de force. Elle n’est pas d’entrer dans une logique d’escalade. Elle est bien d’appeler les démocraties, notamment nos partenaires européens, à la désescalade, à la retenue et à la responsabilité.