Les pratiques intégristes ne datent pas d’aujourd’hui. Les esprits les plus voltairiens iront même jusqu’à dire qu’elles ont commencé avec l’invention des religions Il est absolument nécessaire de lutter contre ces pratiques lorsqu’elles se manifestent. Pour ce faire, on invoque de plus en plus le respect de la laïcité, quitte à la faire sortir de son propos.
Or la laïcité définit le rapport de l’État aux cultes religieux comme l’observation d’une stricte neutralité, garante de la liberté de conscience de tous et de chacun dans la République. Elle ne constitue donc pas le bon outil pour lutter contre les dérives sectaires et le terrorisme, qui relèvent d’autres moyens législatifs et politiques.
Cette confusion peut porter préjudice au principe même de laïcité. À cet égard, il n’est pas innocent de constater que celles et ceux qui se plaisent à colporter l’image d’une laïcité agressive, soit pour la louer, soit pour la dénigrer, appartiennent souvent aux groupes politiques ou religieux qui ont le plus intérêt à la mettre à mal.
Bien plus qu’une réforme de la laïcité, il est plus que jamais nécessaire de promouvoir l’adoption de règles et d’usages adaptés qui permettent de se prémunir efficacement contre toute dérive sectaire dans l’espace public, avec pour seule boussole la préservation de l’ordre public. Ainsi est-il normal de demander aux parents d’élèves d’assurer des missions d’encadrement qui devraient normalement être dévolues à du personnel de l’éducation nationale ? C’est souvent faute de moyens humains que les enseignants demandent de l’aide aux parents, qui sont des personnes privées non soumises à l’obligation de neutralité naturellement imposée aux agents publics.
La loi de 1905, votée en un temps où le radicalisme religieux s’exprimait déjà fortement dans notre pays, a été bien pensée par ses concepteurs. Ses principes mêmes lui permettent de faire face aux cas de figure rencontrés aujourd’hui, dès lors qu’on respecte son champ d’application.
Monsieur le ministre, plutôt que d’ouvrir la boîte de Pandore d’une réforme ou d’une évolution de la loi de 1905, ne serait-il pas plus pertinent de s’assurer que les principes de la laïcité soient parfaitement connus de tous les agents censés la faire respecter et de renforcer leur formation à cet égard ?