Je partage totalement, madame la sénatrice, la définition que vous avez faite de la laïcité. Vous m’offrez d’ailleurs l’occasion de rebondir sur certains propos qui ont été tenus et n’allaient pas tout à fait dans le même sens.
L’utilisation de la laïcité qu’on a pu subir dans certaines communes, notamment après l’élection d’équipes municipales issues du parti qui s’appelait alors le Front national, comme un outil de lutte contre une religion est une erreur. C’est une déformation du sens même de l’application de la laïcité. Celle-ci – je l’ai répété à plusieurs reprises – n’est pas l’interdiction d’une expression religieuse, mais la garantie du choix de croire ou de ne pas croire. Nous voulons la faire vivre ainsi.
De la même façon, j’estime que la laïcité n’est pas un outil de lutte contre le communautarisme. Je vous rejoins sur ce point. C’est délicat de le dire comme vous le faites, car cela pourrait laisser penser que la laïcité ne serait finalement pas le bon outil, mais j’estime, comme je l’ai expliqué dans mon propos d’ouverture du débat, qu’il s’agit d’une feuille, certes fondatrice et fondamentale, mais capable de s’enflammer assez facilement.
Nous devons donc utiliser, non pas cet outil, mais tous les outils qui nous sont offerts. J’ai répondu à la question législative. Je n’ai, sur la loi de 1905, ni principe ni dogme. On peut selon moi la renforcer ; c’est même nécessaire. Mais je conçois qu’on puisse être en désaccord avec cette position.
Aujourd’hui, dans la lutte contre le communautarisme, je souhaite utiliser tous les outils de droit commun qui existent, n’en négliger aucun. À certains moments, on peut rencontrer des difficultés. Nous utilisons l’outil du contrôle fiscal. On s’aperçoit que certaines associations constituées sous le régime de la loi de 1901, qui n’ont pas vocation à faire de profit, devraient faire l’objet de contrôles fiscaux par les autorités qui en sont chargées. Si c’est impossible, il faut réviser la loi pour permettre de tels contrôles. Ce n’est qu’un exemple.
Je suis très ouvert sur ces questions : utilisons tous les outils dont nous disposons. Je ne répondrai pas plus avant sur la question de la loi de 1905. Je comprends le symbole qu’elle représente. Une chose, pour autant, est sûre : les financements étrangers, la question de la formation, celle de l’ordre public et de la responsabilité des gestionnaires d’un lieu où sont tenus des propos contraires aux valeurs de la République, toutes ces questions méritent d’être posées.
Le 09/02/2020 à 22:38, aristide a dit :
" j’estime que la laïcité n’est pas un outil de lutte contre le communautarisme."
M. estime très mal...
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