Intervention de Christian Rodriguez

Délégation aux collectivités territoriales — Réunion du 28 novembre 2019 : 1ère réunion
Audition de M. Christian Rodriguez directeur général de la gendarmerie nationale dans le cadre du cycle d'Auditions sur l'ancrage territorial de la sécurité intérieure

Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale :

S'agissant du terrorisme, le schéma national d'intervention fonctionne plutôt bien et nous sommes capables d'intervenir rapidement.

Cependant, les maisons disposent de compétences rares et nous progresserons lorsque chacune des forces saura faire appel aux compétences des autres. Dans le cadre du livre blanc, la DGPN et la gendarmerie cherchent à alimenter la réflexion relative à la gestion de crise. Nous y inscrirons la nécessité pour les différentes instances de se renforcer mutuellement, et peut-être mettrons-nous en place une entité commune d'anticipation et de planification.

Sur la question de la radicalisation, un travail commun d'ampleur a été conduit. Nous avons créé des structures obligeant chaque force à partager l'information et à collaborer. Les différentes forces - DGSI, renseignement territorial et gendarmerie - se partagent les personnes à surveiller. Ainsi, nous suivons, en tant que menant ou concourant, plus de 900 personnes, à l'aide de toutes les techniques que les différentes lois nous permettent de mettre en oeuvre. Je signe régulièrement des demandes d'écoutes administratives et de poses de balise.

Le sujet des fichiers S est plus délicat. Faut-il partager l'information avec les élus ? Certaines des personnes fichées ne passeront jamais à l'acte et, dans ce cas, notre tâche relève du suivi. Paradoxalement, lorsqu'une personne n'est pas fichée mais que le gendarme soupçonne un risque de passage à l'acte, il lui est possible d'en faire part au maire, et cela est plus complexe dans le cas des personnes fichées S. Cet effet de borne sur les fichiers S est surprenant. Nous sommes capables, dans certains cas, de donner à des privés la possibilité de bénéficier de la connaissance d'une information confidentielle ; a fortiori, nous pourrions en faire bénéficier les élus. À mon sens, il faut que le maire soit informé lorsqu'un gendarme suspecte un fait de cette nature. Le gendarme aura tout intérêt à partager cette information, car l'élu est susceptible de lui apporter de nouveaux éléments.

Les règles relatives au secret professionnel existent pour des raisons légitimes, mais elles sont également limitées et il est difficile d'évaluer le besoin de les faire évoluer. À mon sens, il est impératif d'éviter qu'un drame ne survienne. J'espère que nous serons capables de nouer des relations de confiance suffisamment fortes pour échanger et préserver ainsi la vie de nos concitoyens.

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