En préambule, je voudrais resituer nos travaux sur l'alimentation, que vous venez d'évoquer, dans le contexte plus large des travaux conduits par France Stratégie. Nous avons publié récemment un rapport sur l'artificialisation des terres et sur la faisabilité de l'objectif « zéro artificialisation nette ». Notre rapport a permis de conforter la pertinence de cet objectif, de présenter des méthodologies permettant de mesurer l'artificialisation et donc en définitive de piloter cette politique.
Nous avons également publié un rapport qui formule des propositions concernant l'évolution des outils de la politique agricole commune. Il recommande notamment une évolution des aides afin qu'elles prennent en compte les emplois occupés sur les exploitations agricoles, y compris l'emploi de l'exploitant, plutôt que la surface de ces exploitations. Cela peut être un moyen d'inciter l'agriculture à se tourner davantage vers l'agroécologie, puisque les pratiques agroécologiques sont plus intensives en travail que l'agriculture conventionnelle. Nos propositions visent par ailleurs à inciter à une diminution des intrants avec un système de bonus-malus. L'idée est que les malus imposés aux intrants les plus impactants pour l'environnement et la santé soient intégralement réalloués en faveur d'usages agricoles plus vertueux. Il faut en effet retenir la leçon de la taxe carbone. Sur le principe, tout le monde se félicitait de cette dernière, mais, parce que son produit disparait dans le budget général de l'État, elle a été perçue simplement comme un impôt de plus. C'est pourquoi il faut que le produit des prélèvements qui pourraient être opérés sur des pesticides ou des engrais azotés servent clairement à accompagner la transition agroécologique.
Si vous le permettez, monsieur le président, Julien Fosse, qui est l'expert de France Stratégie sur ces questions, pourra développer davantage.