Intervention de Gilles de Margerie

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 12 décembre 2019 à 9h05
Audition de M. Gilles de Margerie commissaire général de france stratégie et de M. Julien Fosse chef de projet auprès du département « développement durable et numérique » dans le cadre du rapport « se nourrir en 2050 »

Gilles de Margerie, commissaire général de France Stratégie :

Sur ce sujet de la composition des assiettes, vous savez que les pouvoirs publics, depuis de nombreuses années, mènent des campagnes pour promouvoir une alimentation plus saine, avec des messages sur le salé, le sucré, le gras, l'exercice physique, les fruits et légumes, etc. L'effet de ces campagnes existe mais n'est pas spectaculaire, alors que des évolutions spontanées de la société produisent parfois des impacts plus significatifs - comme l'illustrent les exemples du développement de la consommation de produits bio ou du recul de la consommation de viande rouge. Aujourd'hui, vous le savez, les pouvoirs publics relaient fortement le discours des nutritionnistes sur les légumineuses : on souhaiterait que nos concitoyens en consomment davantage, ce qui serait bon à la fois pour leur santé, pour l'environnement et pour leur budget. Les lentilles, pour prendre cet exemple, sont en effet une source de protéines à la fois excellentes et très bon marché. En consommer davantage, par substitution à la viande, permettrait de dégager un pouvoir d'achat grâce auquel les ménages les plus modestes pourraient acheter plus de fruits et de légumes frais. Or, malgré ces qualités nutritionnelles et économiques, la consommation des légumineuses ne décolle pas dans notre pays. Elles pâtissent d'une image un peu vieillotte. Les lentilles, par exemple, sont souvent regardées comme un plat de cantine. Les consommateurs les boudent ; c'est tout particulièrement vrai des plus modestes d'entre eux, qui sont davantage acheteurs de plats ultra transformés que les ménages des catégories sociales supérieures. Les agriculteurs, pour leur part, ne cherchent pas vraiment à les développer, car les légumineuses sont plus compliquées à cultiver que d'autres productions. On voit donc bien que les mutations de régimes alimentaires sont à la croisée de logiques économiques et culturelles complexes, tant au niveau des consommateurs que des entreprises, en même temps que des orientations des politiques publiques.

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