Intervention de Fabien Gay

Commission des affaires économiques — Réunion du 15 janvier 2020 à 9h40
Politique de la ville — Audition de M. Jean-Louis Borloo ancien ministre

Photo de Fabien GayFabien Gay :

Votre rapport est un programme politique. Nous ne réglerons pas le problème en nous centrant sur le seul logement. Il faut une réponse globale : emploi, santé, éducation, droit aux vacances, lutte contre l'illettrisme. Il y a effectivement des similitudes entre nos banlieues, le monde rural et même les territoires ultra-marins. L'an dernier, en Guyane, j'ai été stupéfait de parfois retrouver les pires situations qui existent en Seine-Saint-Denis. Près de 10 millions à 15 millions de nos concitoyens sont concernés. Je n'aime pas les termes de « territoires oubliés de la République » ou de « zones blanches ». Ces territoires regorgent de talents. Il ne faut pas présenter la banlieue sur un ton larmoyant. Je préfère être offensif. Le Premier ministre vient de reconnaître pour la première fois qu'une inégalité territoriale frappe la Seine-Saint-Denis. Certains se targuent d'avoir déversé des milliards et des milliards d'euros pour la banlieue, ce qui est faux. Vous évoquez à juste titre la problématique judiciaire. Il faut près de deux ans et demi pour divorcer en Seine-Saint-Denis contre six mois à Paris. Et, à population égale, nous avons 30 % à 40 % d'officiers de police judiciaire en moins dans nos commissariats. Je pense qu'il faut un plan de rattrapage pour entrer dans le droit commun. Nous ne demandons pas que la banlieue ait plus que les autres ; nous réclamons l'égalité.

Au-delà des questions de méthode, il s'agit d'abord de choix politiques et de priorités budgétaires. Ainsi, sur la question des mobilités, vous aviez proposé une conférence sur les RER ; il faudrait un milliard d'euros. Cela n'a pas été retenu, et on est train de faire le Charles-de-Gaulle Express, qui bénéficiera à 20 000 personnes par jour, quand un million d'usagers empruntent chaque jour le RER B. Tout est affaire de choix politiques et d'arbitrages. Si votre rapport, que vous avez rédigé avec l'ensemble des acteurs concernés, a fait l'objet d'un enterrement de première classe, c'est un choix politique.

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