Intervention de Didier Guillaume

Réunion du 14 janvier 2020 à 14h30
Mitage des espaces forestiers en île-de-france — Vote sur l'ensemble

Photo de Didier GuillaumeDidier Guillaume :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je voudrais tout d’abord vous dire que la procédure de législation en commission suivie pour ce texte est une belle et bonne procédure.

Il y a des sujets sur lesquels nous avons besoin de débattre afin que tout le monde soit éclairé ; c’est bien normal. D’autres, en revanche, font consensus : c’est alors que le travail en commission peut se révéler encore plus approfondi. Tel a été le cas pour ce texte.

Je tiens dès lors à vous féliciter, madame la présidente de la commission des affaires économiques, ainsi que tous les membres de cette commission, d’avoir engagé ce travail.

Cette proposition de loi, adoptée par l’Assemblée nationale et examinée la semaine dernière par votre commission, vise à pérenniser une expérimentation qui doit arriver à son terme à la fin du mois prochain.

Cette expérimentation, mise en place par la loi du 28 février 2017 relative au statut de Paris et à l’aménagement métropolitain, a offert pour trois ans à la société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) d’Île-de-France la possibilité de préempter les ventes de biens boisés, dès lors que leur superficie est inférieure à trois hectares et que les communes où ces biens sont situés sont dotées d’un document d’urbanisme. Ces préemptions sont motivées par un nouvel objectif : la protection et la mise en valeur de la forêt.

Comme en témoigne ce nouvel objectif, le texte qui vous est soumis aujourd’hui n’est pas une proposition de loi strictement technique. Je salue à ce propos tous les élus d’Île-de-France siégeant sur ces travées : ils connaissent bien le sujet de l’artificialisation et du mitage des terres par l’achat répété de petites parcelles. Ce problème est bien plus important en Île-de-France qu’ailleurs.

C’est la raison pour laquelle nous avons voulu, au travers de l’examen de ce texte par l’Assemblée nationale, puis par votre Haute Assemblée, traiter ce problème francilien de façon spécifique. Il n’est pas question de généraliser le dispositif prévu ! Celui-ci a pour seul objet, bien évidemment, la forêt d’Île-de-France ; il ne sera en aucun cas question d’aller plus loin demain.

Il n’en reste pas moins que nous avons besoin, plus généralement, de changer le regard que nous portons sur la forêt.

Je ne reviendrai pas sur l’intérêt, déjà évoqué dans cet hémicycle à de nombreuses reprises, que présente la forêt française, ni sur son rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique, au travers du captage de carbone qu’elle permet. La forêt française, fort heureusement, est un puits de carbone sans fond !

Pour autant, cette forêt doit être exploitée ; elle doit évoluer. Il ne faudrait pas souffrir, pour reprendre une expression que l’un d’entre vous a employée en commission, du « syndrome d’Idéfix », c’est-à-dire se mettre à pleurer chaque fois que l’on coupe un arbre. On peut couper des arbres dans une forêt ; je dirais même qu’on le doit, afin de la régénérer, de l’aérer et de traiter ses maux.

Le Sénat, en examinant ainsi ce texte, a fait montre de sagesse, au-delà des clivages politiques. Pour bien connaître cette maison, je n’en suis nullement étonné.

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