Intervention de Jean-Michel Houllegatte

Réunion du 21 janvier 2020 à 14h30
Bioéthique — Article 1er

Photo de Jean-Michel HoullegatteJean-Michel Houllegatte :

Dans ce débat sur l’extension de la PMA s’opposent deux logiques contradictoires.

La première vise à privilégier le droit des individus ; ce droit prend sa source dans un désir tout à fait naturel, celui de transmettre de l’amour à un enfant. Dans une société où les individus sont de plus en plus autonomes et capables d’exercer leur libre arbitre, ce désir d’enfant peut devenir un absolu.

À cela s’oppose le fait que nous formons une communauté. Faire communauté, qu’elle soit nationale ou simplement de vie, nous oblige à dépasser nos individualités, parfois nos égoïsmes, à renoncer à certains de nos désirs pour cimenter le collectif.

Albert Jacquard le disait : « La liberté n’est pas la possibilité de réaliser tous ses caprices ; elle est la possibilité de participer à la définition des contraintes qui s’imposeront à tous. » Je crains, pour ma part, que l’extension de la PMA ne crée chez les enfants qui en seraient issus des vulnérabilités, des fragilités inhérentes à toute quête des origines. Nous ne pouvons pas échapper à notre culture humaine, à la nécessité de nous incarner, de nous inscrire dans une histoire qui nous a engendrés.

L’objectif consistant à contenir la vulnérabilité doit l’emporter sur l’autonomie. La fraternité et la force du collectif, qui permettent à chacun de se dépasser pour, devenu fécond, participer à la construction de la société, sont en effet plus fortes que l’individu et que ses désirs, même si ces derniers sont parfaitement compréhensibles. Je voterai, pour ce qui me concerne, la suppression de l’article 1er.

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