Intervention de Sophie Primas

Commission des affaires économiques — Réunion du 22 janvier 2020 à 9h30
Audition de M. Philippe Mauguin président-directeur général de l'institut national de recherche pour l'agriculture l'alimentation et l'environnement inrae

Photo de Sophie PrimasSophie Primas, présidente :

Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui M. Philippe Mauguin, Président-directeur général de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, l'INRAE.

Monsieur le Président, votre formation a allié les sciences, l'agronomie et le génie rural, aux sciences sociales avec l'économie de l'innovation et au management. Après une expérience dans le privé et dans la recherche, vous avez alterné fonctions en cabinet ministériel, jusqu'à diriger le cabinet du ministre de l'agriculture, et fonctions de direction à l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), à l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) ou au ministère de l'agriculture où vous avez été directeur des pêches.

Depuis juillet 2016, vous êtes président-directeur général de l'INRA et désormais, depuis le 1er janvier, de l'INRAE, du fait de la fusion de l'INRA avec l'IRSTEA, l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture, que vous avez portée depuis les premières réflexions, début 2018, jusqu'à sa mise en oeuvre aujourd'hui.

C'est l'occasion de faire un point sur la situation de votre établissement. Il me semblerait utile que vous puissiez nous faire un état des lieux de cette fusion des deux organismes. Avez-vous en tant qu'organisme de recherche des difficultés ou des facilités pour rester attractifs et attirer des talents pour rester dans la course face à des homologues internationaux très actifs ? Quels sont désormais les atouts de l'institut dans la compétition mondiale de la recherche, dans un agenda international de plus en plus sensible à ses thèmes de recherche : transition écologique, biodiversité, climat, sécurité et alimentation, résilience face aux risques naturels ?

Sur ce plan, je voudrais tout d'abord que vous abordiez les questions soulevées par l'usage des produits phytosanitaires. La ferme France s'est enflammée autour des zones de non traitement (ZNT). Mais ce débat n'a été que la cristallisation de nombreux autres sujets qui, depuis plusieurs années, remettent en cause les pratiques culturales issues de la révolution verte de l'après-guerre : la réduction des usages des pesticides et notamment la sortie du glyphosate, les pollinisateurs, le bio, la création de plants résistants, les OGM, etc.

Ces préoccupations afin de réduire l'usage des produits phytopharmaceutiques sont, je le crois, partagées par l'ensemble de la profession agricole. La raison est en simple : diminuer les intrants revient à diminuer les charges pour les exploitants. Toutefois, l'enjeu est de pouvoir proposer aujourd'hui des alternatives efficaces aux agriculteurs pour rester compétitif. Et c'est là où la recherche doit apporter rapidement des réponses. Pourriez-vous nous préciser quelles sont les récentes avancées sur les sujets et à quel horizon peuvent-elles être déployées au profit de l'agriculture de demain ?

J'ajoute que ce « verdissement de l'agriculture », comme certains l'évoquent sans craindre le pléonasme, ne peut se concevoir indépendamment d'un second volet : l'adaptation de l'agriculture française au changement climatique. L'augmentation des températures moyennes et extrêmes, comme plus généralement les événements climatiques hors normes, sont en train de bouleverser le paysage agricole que nous connaissons aujourd'hui. Par exemple, dans le domaine viticole, il m'était rapporté que l'enherbement de vignes, recommandé pour préserver les sols, avait par exemple empêché la vigne de faire barrière au feu. Des cas d'échaudages exceptionnels par leur ampleur ont aussi été rapportés. A contrario, les semis d'automne ont été rendus difficiles par des pluies trop abondantes.

Monsieur le Président, votre éclairage nous sera donc particulièrement précieux pour nous aider à appréhender et anticiper les changements en cours dans un monde agricole par ailleurs profondément éprouvé et contesté dans sa fonction nourricière.

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