Lorsqu'on parle de changement climatique et d'activité agricole, il faut avoir à l'idée que l'on travaille sur deux dimensions : la réduction des gaz à effet de serre d'une part, et l'adaptation de la production de biomasse dans un climat qui évolue d'autre part. Le plus important n'est pas tant l'augmentation des températures que leurs variations inter et intra-annuelles. L'enjeu pour nous est d'avancer sur ces deux pieds : le stockage du carbone et l'adaptation de la production aux nouvelles conditions environnementales. Cette vision doit être interdisciplinaire, voire transdisciplinaire pour mobiliser la société, et l'INRAE est parfaitement qualifié sur ces sujets. L'idée est de mobiliser toutes nos connaissances agronomiques classiques (c'est-à-dire en s'adaptant à la météo de manière traditionnelle). Mais cela ne suffira pas, car nous allons être confrontés à des conditions climatiques inédites : il faut transformer le système. Il faut repenser les productions animales et végétales, en relocalisant des productions, en commençant de nouvelles productions grâce aux opportunités qui découlent aussi et heureusement de ce changement (par exemple des saisons de végétation plus longues). Le développement de l'agro-écologie, c'est-à-dire la diversification des productions, est un des vecteurs pour avancer sur l'atténuation des effets du changement (grâce à la diminution des intrants) et est une garantie de la résilience d'une production à l'échelle de l'exploitation.
C'est le cas dans la filière viticole. L'INRA a lancé un programme transversal sur l'adaptation au changement climatique depuis 2011. Nous avons soutenu un programme centré sur le vin et rassemblant des acteurs de l'ensemble de la filière, avec des chercheurs sur la vigne, sur la vinification et ses adaptations, avec les consommateurs et les professionnels. Nous avons imaginé ce que ce serait de produire du vin en France en 2030 ou 2050 : quels cépages planter ? Faut-il adapter le degré d'alcool des vins ? Changer la technique de vinification ? Il y a eu des ateliers en région sur les impacts et les options possibles face au changement climatique avec les professionnels. Les participants ont fait des propositions, certaines très disruptives, reprises dans le cadre d'un schéma stratégique par FranceAgriMer et l'INAO. Cela implique notamment de changer le cahier des charges des AOP et IGP.