Intervention de Thierry Caquet

Commission des affaires économiques — Réunion du 22 janvier 2020 à 9h30
Audition de M. Philippe Mauguin président-directeur général de l'institut national de recherche pour l'agriculture l'alimentation et l'environnement inrae

Thierry Caquet, directeur scientifique environnement de l'INRAE :

L'INRAE est le premier acteur de la recherche forestière en France, avec l'apport de nos collègues d'IRSTEA. Nos travaux portent sur l'ensemble des sujets, de la plantation jusqu'à la commercialisation, y compris les questions d'équilibre forestier. Cette problématique est prioritaire pour l'INRAE, grâce à un département qui regroupe l'essentiel de nos forces en recherche forestière. Nous travaillons aussi avec les gestionnaires forestiers : l'Office national des forêts, le Centre national de la propriété forestière, le réseau mixte technologique (RMT) Aforce. Nous sommes de plus en plus en lien avec les communes forestières qui nous font beaucoup de demandes. L'agroforesterie est un levier pour nous afin de favoriser l'adaptation de l'agriculture au changement climatique, de stocker du carbone dans les sols et de diversifier les activités des agriculteurs. Cela implique de repenser le métier d'agriculteur et de réintégrer les arbres au sein des paysages agricoles, à rebours de ce qui a été fait pendant des décennies.

Sur la question des bio-agresseurs, il existe des méthodes de lutte (par exemple par le bacillus thuringiensis pour la pyrale du buis). Il faut maintenant travailler sur les parasitoïdes qui pondent dans la chenille. Nous sommes en phase de test de faisabilité. Mais ces procédés ont un coût et la crainte est que la pyrale s'attaque désormais à d'autres variétés d'hôtes. Pour la chenille processionnaire, il existe des pièges physiques ou des pièges à base de phéromones que l'on peut disperser dans les forêts. C'est par exemple le cas à Avignon. Sur la processionnaire du chêne, qui rend parfois impossible l'accès aux forêts, les spores de bacillus thuringiensis fonctionnent mais coûtent très cher. Il faudra répercuter ce coût sur le prix du bois, alors que celui-ci est très faible. La filière bois doit s'emparer de la question, au-delà des forestiers, et jusqu'aux consommateurs. Nous avons un problème de perception de la gestion de la forêt auprès du consommateur, qui veut des produits en bois mais refuse que l'on coupe la forêt. C'est un vrai frein à l'adaptation des forêts.

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