Intervention de Pierre Bühler

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 29 janvier 2020 à 11h00
Projet de contrat d'objectifs et de moyens 2020-2022 — Audition de M. Pierre Buhler président de l'institut français

Pierre Bühler, président de l'Institut français :

Je considère comme un honneur votre invitation à m'exprimer devant votre commission, que je remercie de représenter, pour l'Institut français, une enceinte traditionnellement accueillante et bienveillante.

Le prochain contrat d'objectifs et de moyens s'inscrit dans une séquence triennale. Il a fait l'objet d'un processus de négociation interministérielle entre les mois de mai et de décembre 2019, pour être présenté au conseil d'orientation stratégique de l'Institut français. Il est également de mon devoir de vous rendre compte de l'exécution du contrat précédent. Vous trouverez, pour compléter votre information, de nombreux éléments en préambule du contrat pour la période 2020-2022. Si la signature du précédent contrat d'objectifs et de moyens est intervenue avant ma nomination, son exécution n'en ressort pas moins de ma responsabilité. Les éléments positifs que vous avez pu relever doivent être partagés avec l'équipe de 140 personnes qui m'accompagne, en particulier la directrice générale déléguée, récemment remplacée, et le secrétaire général de l'Institut français.

L'Institut français est un opérateur chargé de deux missions principales : l'animation du réseau culturel à l'étranger avec des moyens contraints et la recherche permanente de l'excellence ; la conception de grandes opérations annuelles ou ponctuelles, à l'instar des saisons croisées, de la Nuit des idées, du pavillon français à la Biennale de Venise et au Salon du livre de Francfort, du dialogue de Trianon ou de la saison « Africa 2020 ». Nous mettons également en oeuvre le chantier que constitue le rapprochement avec la Fondation Alliance française. L'activité de l'Institut français est donc à flux tendu et ne peut être assumée qu'en s'appuyant sur les outils numériques et en concentrant nos actions sur la conquête de nouveaux publics et la promotion de concepts novateurs. En 2019, l'Institut français s'est vu confier quatre projets par la Commission européenne et deux par l'Agence française de développement (AFD), qui ne sont pas menés au détriment des autres missions. Nous nous appuyons, à cet effet, sur une association étroite avec le réseau culturel à l'étranger.

Le nouveau contrat d'objectifs et de moyens dessine une trajectoire pour les trois années à venir et fixe trois objectifs de premier rang en matière de diplomatie culturelle et d'influence : la projection internationale de la scène artistique et culturelle française dans sa diversité et le soutien aux industries culturelles et créatives, la promotion d'une image moderne de la langue française, l'inscription de l'Institut français au coeur de l'action culturelle de la France en Europe et de la politique de développement en Afrique. Il crée peu de missions nouvelles, mais propose d'importants changements d'échelle s'agissant des actions existantes. La seule évolution notable concerne les deux contrats conclus avec l'AFD.

Le premier changement d'échelle concerne le soutien aux industries culturelles et créatives, dans le sillage des États généraux des industries culturelles et créatives réunis à la fin du mois de novembre dernier par les ministres des affaires étrangères, de la culture et de l'économie. À cet effet, une mission prioritaire a été confiée aux responsables de trente-sept postes stratégiques, car prescripteurs, qui ont élaboré chacun un plan d'action. Dans ce cadre, l'Institut français travaille avec le Centre national des lettres (CNL), le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), UniFrance et le nouveau Centre national de la musique (CNM). La mise en place de ce chantier, piloté par une équipe confiée à Bruno Patino et Catherine Pégard, est en cours. En l'absence d'opérateur dans le secteur de la culture numérique, en pleine expansion, l'Institut français en constitue l'interlocuteur.

Il s'agit également de renforcer l'appui de l'Institut français à la professionnalisation du réseau culturel à l'étranger, y compris les alliances françaises, notamment en proposant des formations sur des secteurs en mutation.

Un autre changement d'échelle concerne la promotion de la langue française, en application du plan pour la langue française et plurilinguisme lancé par le Président de la République au mois de mars 2018. Il comprend trente-trois mesures, dont la moitié concerne l'Institut français pour des missions à mener seul ou en partenariat. Différentes actions ont d'ores et déjà été lancées, comme un concours d'éloquence, dont la finale se déroulera prochainement à l'Académie française, ou les états généraux du livre français, qui se tiendront à Tunis au mois de septembre.

La période 2020-2022 verra aussi s'accélérer le rapprochement, à la fois physique et fonctionnel, avec la Fondation Alliance française, souhaité par le Président de la République lors de son discours aux ambassadeurs au mois d'août 2017. Le transfert de responsabilités de la Fondation Alliance française à l'Institut français a été acté à l'été 2019, par la signature d'une convention tripartite par les deux présidents et le ministre des affaires étrangères. L'Institut français est désormais chargé d'apporter un appui culturel et pédagogique, d'assurer la démarche qualité des actions menées et d'engager la professionnalisation et la formation des équipes. Il s'agit d'un chantier de long terme. L'Institut français et la Fondation Alliance française communiquent chacun sur les sujets de leur compétence.

Le nouveau contrat d'objectifs et de moyens prévoit enfin le renforcement des démarches partenariales pour le développement de la diplomatie culturelle de la France. L'Institut français a déjà conclu 21 conventions avec des collectivités territoriales - régions, villes et métropoles. La logique est désormais celle de la co-construction en matière de projection internationale des collectivités territoriales, de façon à éviter tout saupoudrage inefficace. De plus en plus de collectivités territoriales semblent intéressées par la démarche. Les partenariats concernent également la Commission européenne et nos homologues européens, notamment l'Institut Goethe avec lequel nous avons remporté plusieurs appels d'offres. Il s'agit de projets sur trois à quatre années, ce qui permet une stabilité de l'action menée, et dotés de crédits élevés. Deux projets stimulants nous ont aussi été confiés par l'AFD : « Accès culture », ensemble de microprojets de coopération pour développer l'accès à l'offre culturelle en Afrique, et « Ressources éducatives », doté de 20 millions d'euros sur cinq ans, qui fournit, en partenariat avec l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), des livres et des écrits en Afrique subsaharienne francophone. Nous avions déjà engagé des projets en Afrique, mais nous développons désormais les co-constructions. Ainsi, les dernières Rencontres de Bamako, fameuse biennale de la photographie que l'Institut français porte depuis vingt-cinq ans, ont été gérées par le Mali, avec succès. Il s'agit, avec le contrat d'objectifs et de moyens qui s'ouvre, d'un nouveau paradigme et d'un changement d'intensité dans la mise en oeuvre de nos actions.

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