Intervention de Pierre Bühler

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 29 janvier 2020 à 11h00
Projet de contrat d'objectifs et de moyens 2020-2022 — Audition de M. Pierre Buhler président de l'institut français

Pierre Bühler, président de l'Institut français :

La question de M. Grosperrin sur le programme FLAM me dépasse quelque peu, car il s'agit d'une prérogative du ministère des affaires étrangères, qui pilote l'AEFE à laquelle le programme FLAM a été assigné. Il m'est donc difficile de me prononcer en opportunité. Techniquement, dans la mesure où l'Institut français appuie le réseau culturel à l'étranger, dont les 840 agences françaises, parmi lesquelles 50 % ont une mission d'enseignement du français, un tel transfert serait envisageable.

Monsieur Gattolin, je suis également sensible à l'enseignement de l'histoire. Nous constatons une demande forte pour l'organisation de débats d'idées entre la société civile et des intellectuels. Demain, aura d'ailleurs lieu la cinquième Nuit des idées, avec 220 manifestations en France et à l'étranger. Dans certains pays, des milliers de personnes sont inscrits. Ces débats, courtois et respectueux, s'inscrivent dans l'esprit des salons du XVIIIe siècle. Lorsque j'étais ambassadeur en Pologne, j'avais développé un programme similaire : des intellectuels français - Pierre Rosanvallon, Mireille Delmas-Marty, Catherine de Wenden - venaient débattre à la résidence avec des personnes aux opinions variées, souvent de sujets sensibles. Mes interlocuteurs polonais en étaient reconnaissants. Il convient, me semble-t-il, de poursuivre des actions dans le même esprit, à l'instar du programme d'Alembert.

C'est un enjeu pour la culture et la civilisation européennes. Cette dimension est toutefois à peine présente dans le mandat de la Commission européenne et elle affleure dans les discours de Mme von der Leyen : l'Europe ne se présente pas comme une entité culturelle.

Ambassadeur à Singapour, j'avais constaté que l'action culturelle européenne était desservie par un certain saupoudrage. C'est pourquoi j'avais lancé une saison culturelle européenne, financée la première année à hauteur d'un million de dollars singapouriens par des fondations singapouriennes. Cela a été un véritable succès, mais je n'ai reçu que peu de soutien financier de la part d'entreprises européennes autres que françaises, en raison d'une certaine frilosité de mes homologues à ouvrir leurs carnets d'adresses. Le chemin à parcourir est encore long.

L'Europe, c'est aussi le débat. Être absent du débat public, c'est être absent du monde. Or l'Europe est encore insuffisamment connue pour la force de ses idées et de ses valeurs : l'Europe, ce n'est pas que le chatoiement des Champs-Élysées et des accords commerciaux. L'Institut français a un savoir-faire en la matière et y contribuera avec plaisir si on le lui demande.

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