Intervention de David Caubel

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 23 janvier 2020 à 8h30
Audition de M. David Caubel ingénieur des travaux publics docteur en économie des transports dans le cadre du suivi du rapport « nouvelles mobilités »

David Caubel, ingénieur des travaux publics de l'État, docteur en économie des transports :

Dans l'Aubrac, le SDIS s'est inspiré de ce qui existe dans l'armée : les réservistes. On a donc proposé aux habitants disposant d'une voiture de rentrer dans un dispositif similaire et de se mettre à disposition de ceux ayant besoin d'un transport vers un service médical, au sein d'une réserve de citoyens. Le vélo-bus de ramassage scolaire n'existe pas que dans la Drôme, mais aussi dans l'agglomération de Seine-Eure. Les enfants sont un excellent vecteur de transformation des pratiques. Le vélo-bus a incité les enfants à prendre leur vélo individuel pour leurs déplacements.

La puissance publique doit identifier les initiatives en matière de mobilité qui se déploient spontanément. Ce sont des signaux faibles qui révèlent souvent un besoin fort du territoire. Il convient après ce repérage d'aider à la mise en place d'initiatives locales. En 2007-2008, lorsque les prix du pétrole avaient beaucoup monté, nos concitoyens commençaient déjà à faire du covoiturage pour diviser les coûts de la mobilité. L'initiative vient donc souvent du terrain sous l'effet des contraintes subies.

Les petites initiatives locales ne vont pas résoudre tous les problèmes de mobilité que l'on a au quotidien. Il convient aussi d'avoir le bon niveau de gouvernance. L'agglomération lyonnaise compte une soixantaine de communes mais les mobilités du quotidien concernent des personnes qui résident dans plus de 500 communes.

J'apporte un autre témoignage : la métropole de Chambéry a absorbé l'agglomération du coeur des Bauges, mélangeant de l'urbain et du territoire de montagne très isolé. Cela oblige à mettre en place des solutions variées. L'ingénierie est essentielle et elle est plus difficile à trouver en zone peu dense. France Mobilités y aide, avec le Cerema, l'Ademe, la banque des territoires et les services déconcentrés de l'État, car la prise de la compétence mobilité par les intercommunalités est compliquée. Il faudra renforcer l'ingénierie des mobilités locales. Lorsque des experts montrent qu'il existe des solutions concrètes, les intercommunalités gagnent en crédibilité.

Généraliser les expérimentations est un enjeu fort, mais il faut aussi continuer à expérimenter dans les territoires. Néanmoins le passage à la pérennisation est parfois difficile. Avec l'ANCT, nous allons développer l'évaluation des expérimentations pour faire émerger des recommandations et mieux diffuser les expériences. Certains territoires peuvent répliquer les expérimentations réussies, avec toujours un souci d'adaptation aux spécificités locales.

Concernant les financements de l'innovation, nous disposons de la dotation de soutien à l'investissement local, avec 500 millions d'euros fléchés sur les questions de mobilité. Mais cette enveloppe est sous-consommée avec à peine 65 à 70 % des crédits utilisés en 2018 et 2019. Il convient aussi de faire la cartographie des financeurs, puisque peuvent intervenir des fonds européens, des appels à projets, des fonds privés à travers diverses fondations.

Il n'existe pas encore de remontée exhaustive des initiatives portées par les collectivités ou les entreprises. Nous avons recensé 800 cas dans la plate-forme France Mobilités, ce qui montre la richesse des initiatives territoriales.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion