Merci au nom de Christian Cambon, que je représente.
Notre groupe de suivi sur le Brexit constitué en 2016 a déjà publié six rapports d'information qui résument nos travaux. Le dernier paru en octobre 2019 s'intitulait Brexit : tous perdants. Nous avions souligné de nombreux motifs d'inquiétude quant à la relation future entre le Royaume-Uni et les 27, et je dois vous avouer qu'aujourd'hui nous ne sommes pas beaucoup plus rassurés. Les éléments d'inquiétude et d'interrogation restent toujours aussi, voire plus nombreux.
Je listerai rapidement certaines des questions que nous nous posons.
L'une des craintes des Européens a été rappelée par l'un de nos collègues dans l'hémicycle tout à l'heure, lors des questions au gouvernement. Nous craignons de voir à la porte de l'Europe un champion du dumping qui sera tenté de créer un paradis fiscal. Boris Johnson lui-même, dans une interview, a indiqué que Londres pourrait être un Singapour au sein de l'Europe. Est-ce un risque ?
Dans certains ports du nord-ouest français, notre flotte de pêcheurs pêche à 40 % dans les eaux britanniques. Êtes-vous optimiste ou pessimiste sur les négociations entre les Européens et le Royaume-Uni ? Des indemnisations seront-elles proposées ? Je ne pense pas aux indemnisations pour nos marins-pêcheurs dont l'activité professionnelle est menacée, mais à tous ceux qui se trouvent autour. Si un fonds a été créé pour les pêcheurs, rien n'a en revanche été envisagé pour l'activité économique autour de nos ports et aucune négociation n'est prévue.
Par ailleurs, Boris Johnson doit mener deux négociations en parallèle. Outre la négociation avec les 27, le premier ministre britannique souhaite négocier en même temps avec ses autres partenaires que sont le Japon, les Etats-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Je crains que nous nous engagions dans une négociation de troc ou de donnant-donnant et je serais ravi de connaître votre avis sur le sujet.
Les Britanniques vont-ils payer leur contribution au budget de l'Union européenne ?
Si aucun accord n'est trouvé au terme des onze mois de négociation, assisterons-nous au retour des quotas et des tarifs douaniers ? Quels sont les scénarios possibles ?
S'agissant des conséquences purement commerciales, 9 % du commerce du Royaume-Uni provient actuellement de l'Union et 47 % de ses exportations viennent dans nos 27 pays. Le Brexit ne va-t-il pas tout bouleverser ?
En matière de sécurité, je suis plutôt optimiste, car les relations entre le Royaume-Uni et la France ont toujours été excellentes. Dans la négociation avec les 27 États de l'Union, il faudra notamment aborder les questions des migrations, de contrôles, etc. En matière de défense, là encore, nous entretenons des relations privilégiées. Je pense qu'elles vont se poursuivre, mais je serais ravi de connaître votre avis.
Avec Jean Bizet, nous avons rencontré en Écosse des personnes qui, plus que jamais, sont décidées à obtenir un nouveau référendum sur l'indépendance et qui nous ont demandé si l'Europe serait toujours disposée à les accueillir dans l'hypothèse où l'Ecosse deviendrait indépendante. En Irlande du Nord, la donne politique a changé. Le parti qui pesait grâce à son alliance avec les conservateurs ne joue plus un rôle clé et la nouvelle majorité n'a pas forcément les mêmes intérêts. Êtes-vous optimiste ou pessimiste sur la situation politique intérieure d'Irlande du Nord par rapport aux enjeux et aux négociations à venir ?