En ce qui concerne le regroupement de clubs, je peux vous donner l'exemple de l'ASM, club de Michelin à Clermont-Ferrand. Évidemment, c'est un cas particulier en raison de la taille de la structure - le budget est de 11 millions d'euros et 146 éducateurs sportifs y travaillent. J'ai travaillé pour ce club et nous avons abouti à la conclusion qu'il fallait modifier l'article 1er de ses statuts. S'il est demandé à tous les clubs du même territoire de faire de même, il sera facile d'identifier ceux qui ne le veulent pas... Le véritable problème en France, c'est que personne n'a le courage de fermer une association qui relève de la loi de 1901 ; finalement, on autorise les déviances et on les laisse perdurer ! Des solutions locales existent pourtant.
Sur la charte olympique, comme les procédures réglementaires et administratives prévues pour fermer un club sont complexes, les préfectures utilisent des outils autres comme les Codaf, c'est-à-dire des motivations liées à l'hygiène et à la sécurité, ce qui n'est pas du tout satisfaisant. Pourtant, il faut absolument fermer les clubs déviants.
En ce qui concerne le principe de neutralité, le législateur a défini un certain nombre d'obligations pour l'école. Pourquoi ne pas faire pareil pour le sport ? Pourquoi une jeune fille qui fait de l'EPS à l'école est protégée par ce principe et ne l'est plus quelques heures après ou le lendemain, lorsqu'elle pratique la même activité sportive à l'extérieur, parfois avec le même éducateur qui est aussi professeur ? Il n'y a aucune raison de faire une différence sur les obligations à respecter et il faut absolument renforcer dans le sport le principe de neutralité. Les députés Éric Diard et Éric Poulliat ont mentionné ce problème, mais rien ne bouge.
Par ailleurs, j'estime qu'il revient évidemment aux services de renseignement de surveiller des cibles, mais on ne doit laisser personne endoctriner des gamins ! C'est aux éducateurs d'empêcher les dérives. Une difficulté importante, c'est que les services de renseignement sont compartimentés et qu'ils ne veulent pas échanger d'information avec les éducateurs ou le monde sportif.
Récemment, j'ai assuré une formation dans un département : les services de la jeunesse et des sports ont demandé la liste des clubs communautarisés ou radicalisés, mais on n'a pas voulu la leur donner... Comment peuvent-ils agir, quand ils doivent attribuer des financements ?
Je vous donne un exemple plus précis : de nombreux mineurs de 10 à 13 ans d'Île-de-France sont partis faire de la boxe thaï en Thaïlande, l'affiche de promotion de ces stages parlait de « respect des préceptes religieux » et montrait le coran ; en regardant les vidéos faites par ces enfants, on se rend compte qu'après les cours de boxe, la salle se transforme en une école coranique et qu'ensuite les enfants « se distraient » en s'entraînant à des progressions tactiques au paintball... Je n'ai pas encore tous les éléments, mais je suis prêt à parier que ces stages ont reçu un financement public dans le cadre de la politique de la ville ! Or il s'agit clairement d'un détournement éducatif et c'est une inquiétude majeure.
Un dernier exemple qui pose un grave problème : deux entraîneurs de foot de Lagny-sur-Marne ont été incarcérés en 2018 et le maire n'était au courant de rien...