Intervention de Jacqueline Eustache-Brinio

Commission d'enquête Combattre la radicalisation islamiste — Réunion du 29 janvier 2020 à 16h35
Audition de M. Médéric Chapitaux spécialiste de la radicalisation dans le milieu sportif

Photo de Jacqueline Eustache-BrinioJacqueline Eustache-Brinio, rapporteure :

Je vous remercie d'avoir replacé la question dans son contexte historique, parce que dans les années 1990, des jeunes, en particulier des convertis, partaient déjà au Yémen et en Afghanistan et on savait bien qu'ils fréquentaient telle ou telle salle de boxe... Tout le monde le savait, mais personne ne disait rien !

En ce qui concerne les jeux Olympiques, je peux vous dire que beaucoup de femmes - j'en fais partie - se mobilisent, depuis un certain temps maintenant, au sujet de la Charte et de son article 50. Paris doit montrer l'exemple ! Le comité d'organisation doit agir.

De manière générale, il existe un problème de lien entre les mondes sportif et politique. Il est faux de dire que les élus ne savent pas ce qui se passe : ils savent très bien que des tapis de prière sont dépliés avant les matchs à tel endroit. Personne ne dit rien là non plus ! On nous dit que c'est parce que la population de ces clubs provient d'une même origine ; certes, mais il n'en reste pas moins que nous sommes en France, pays laïc. On a laissé entrer la religion dans le monde sportif et on a fermé les yeux. Je suis désolée de dire qu'on sait où les Tchétchènes qui ont commis des attentats s'entraînaient. Nous ne devons pas nous leurrer. Pour autant, il ne faut pas non plus dramatiser : les enfants qui font du sport ne sont pas tous soumis à cet environnement et ne vont pas tous devenir des terroristes.

Ce qui nous manque aujourd'hui, c'est la parole du monde sportif. Les fédérations et les ligues ne disent rien et ne bougent pas ! Pourtant des choses peuvent être faites : j'ai par exemple travaillé avec Patrick Karam, vice-président de la région Île-de-France, sur la rédaction d'une charte de la laïcité et nous pouvons tout à fait imposer de telles chartes aux clubs sportifs. Il faudrait aussi supprimer tout argent public pour ces clubs déviants, mais c'est le préfet qui doit jouer un rôle en la matière. Je suis d'ailleurs d'accord avec vous sur la question de l'agrément.

Ne pensez-vous pas qu'il serait intéressant d'imposer aux villes, là où c'est nécessaire, la création de commissions municipales d'évaluation de la radicalisation qui regrouperaient régulièrement, sans être de manière trop fréquente pour éviter la réunionite, l'ensemble des acteurs concernés, dont les responsables sportifs ? Cela permettrait sûrement de responsabiliser tout le monde vis-à-vis de cet enjeu.

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