Intervention de Rémy Rioux

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 5 février 2020 à 9h40
Audition de M. Rémy Rioux directeur général de l'agence française de développement

Rémy Rioux, directeur général de l'Agence française de développement :

Il y a différentes strates d'évaluation. D'abord, tous les projets de l'AFD font l'objet d'un rapport d'achèvement, une fois clôturés. Ensuite, des évaluations indépendantes sont menées par des acteurs extérieurs ou par nos pairs : ce sont les 50 % auxquels je faisais référence ; nous sommes passés de 29 % en 2016 à 50 % aujourd'hui. Enfin, j'ai signé hier une convention avec le dirigeant de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) pour des évaluations scientifiques d'impact ; les résultats font l'objet de publications scientifiques, sachant que tous les projets ne nécessitent pas forcément une telle évaluation, avec des sommes importantes engagées.

Sur la façon dont nous effectuons nos choix, nous sommes en train de construire une colonne vertébrale de redevabilité, depuis l'idée initiale du projet jusqu'à son évaluation, le but étant de pouvoir corriger les projets si les objectifs n'ont pas été atteints.

S'agissant des maisons de développement, nous avons plutôt une approche géographique, fondée sur la demande. Nous cherchons à trouver le meilleur déclencheur de développement dans un territoire donné.

Monsieur Longuet, nous tenons les chiffres à votre disposition. Lorsque j'exerçais les fonctions de secrétaire général du Quai d'Orsay chargé de la diplomatie économique auprès de Laurent Fabius, l'agence avait été nettement orientée vers cet objectif. Nos appels d'offres sont remportés pour moitié environ par des entreprises françaises, et nous travaillons presque exclusivement avec celles-ci sur les questions d'expertise. La performance me semble plutôt satisfaisante.

Du 4 au 6 juin 2020 se tiendra à Bordeaux le sommet entre l'Afrique et la France, sur le thème des villes africaines. L'Afrique est le seul continent dans l'histoire de l'humanité à connaître à la fois une croissance urbaine et rurale. Cette dynamique est le plus souvent source d'inquiétudes, mais n'oublions pas que le revenu par habitant augmente sans discontinuer en Afrique depuis 1995, exception faite des territoires en crise. La démographie africaine génère des mécanismes de croissance endogène, avec aussi des spécificités, en particulier le phénomène des villes pauvres, contraire à l'évolution historique du monde occidental. Nous devons donc inventer de nouvelles solutions pour ces villes, notamment en investissant massivement dans le capital humain. Nous donnons ainsi la priorité à l'éducation et à la formation professionnelle et nous voulons développer, conformément au souhait du président de la République, une offre de diplômes français en Afrique.

Monsieur Lurel, le franc CFA mériterait à lui seul un long débat. Les traits principaux du régime de change, parité fixe et garantie de convertibilité, demeurent après la réforme, ce qui me semble de nature à rassurer les investisseurs. Un espace politique et technique s'est néanmoins ouvert avec le retrait des représentants français du mécanisme de gouvernance. L'AFD n'a toutefois aucune responsabilité dans le suivi des mécanismes de la zone franc, assuré par la direction du Trésor, avec l'appui de la Banque de France. En revanche, nous souhaitons que nos programmes puissent soutenir cette réforme afin de créer plus d'emplois et de croissance en Afrique de l'Ouest.

Monsieur Canévet, nos activités en Chine et au Brésil sont prises en compte dans le 0,55 % du revenu national brut consacré à l'APD, selon les critères de l'OCDE. C'est le niveau de concessionnalité du prêt qui détermine si le prêt est qualifié, ou non, d'aide publique au développement.

Monsieur Lurel, la liste que vous avez mentionnée ne comporte que les dix premiers bénéficiaires, dont la Réunion, mais nous sommes bien évidemment présents dans tous les territoires ultramarins. Nous avons dénoué nos liens avec BpiFrance, qui peut désormais se déployer au service du financement des petites et moyennes entreprises (PME) et des très petites entreprises (TPE) ultramarines, sans préjudice des actions que peut mener par ailleurs l'AFD. Nous resterons également le grand financeur des collectivités. Nous voulons faire de nos territoires ultramarins des vitrines du développement durable, dans une perspective d'intégration régionale. L'AFD peut également apporter dans ces territoires son expertise en matière de développement pour que certains projets soient conduits rapidement et efficacement.

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