Intervention de Joëlle Garriaud-Maylam

Commission des affaires européennes — Réunion du 29 janvier 2020 à 13h35
Institutions européennes — Usage de la langue française dans les institutions européennes : avis politique de m. jean bizet

Photo de Joëlle Garriaud-MaylamJoëlle Garriaud-Maylam :

En tant que secrétaire générale de la section française de l'Assemblée parlementaire de la francophonie, je ne cesse d'attirer l'attention de ses membres sur notre devoir de nous exprimer en français. Nous sommes les premiers coupables de cette situation. Je suis scandalisée lorsque, à chaque réunion internationale, alors que le français est langue officielle, les Français prennent la parole en anglais. La dernière réunion de l'assemblée parlementaire de l'OTAN au Maroc, a fourni une parfaite illustration de ce problème. Un responsable de l'OCDE y a fait un exposé sur les migrations en anglais, alors que le français et l'anglais sont les deux langues officielles de l'OTAN et que la réunion se tenait en pays francophone. Trouvant cela insupportable, je m'en suis émue auprès de l'intéressé. Ce dernier a argué du fait que sa secrétaire étant anglaise, elle avait écrit dans sa langue maternelle. L'heure est venue de recourir à des moyens contraignants, en demandant aux ministères de donner des instructions. Des pénalités doivent être envisagées, l'avancement de carrière des fonctionnaires qui ne défendent pas la langue française devrait être freiné.

Malgré la forte pression de l'anglais, nombre de petits pays aiment le français. J'ai insisté pour présider ma toute première commission de l'OTAN en français. Certains se sont plaints de devoir sortir les écouteurs et sont pourtant venus me remercier à la fin de mon intervention. Le refus des Français d'utiliser leur langue maternelle lors des échanges bilatéraux, conduisent nos interlocuteurs à perdre leur aisance à s'exprimer en français. Nous avons atteint un point de non-retour et devons saisir l'occasion du post-Brexit, où l'anglais n'est plus une langue officielle mais seulement une langue de travail en Irlande avec le gaëlique, pour assurer la promotion du français. Je voulais vous féliciter de l'initiative de cet avis politique, mais nous devons accentuer nos efforts. Il est inadmissible que notre Président de la République s'exprime en anglais lors d'un déplacement en Allemagne, situation incomparable avec les deux phrases prononcées en allemand à Berlin par le Général de Gaulle. Je maintiens que s'adresser en anglais, devant un public essentiellement francophone, lors d'un déplacement en Allemagne, n'est pas acceptable. L'exemple doit venir d'en haut.

À l'OTAN, notre demande d'organiser des déjeuners en français pour les membres des différentes commissions a été rejetée pour des raisons budgétaires. Cette initiative a finalement été reprise par les Allemands qui organisent des déjeuners très fréquentés en langue française. Nous avons donc besoin d'un soutien financier mais également de faire passer auprès des administrateurs le message selon lequel la langue française, mieux à même de porter leurs idées, doit être défendue. En effet, certains administrateurs, malgré leurs grandes lacunes, tiennent à s'exprimer en anglais, au risque de se ridiculiser devant des intervenants étrangers.

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