Cela s'inscrit dans une démarche globale. J'en ai souvent alerté les différents ministres de la culture. À cet égard, la décision du Conseil d'État relative au fragment du jubé de la cathédrale de Chartres va très loin et encourage une vision très étendue de la domanialité publique dangereuse à terme et qui risque d'être battue en brèche par Bruxelles ou la Cour européenne des droits de l'homme.
Monsieur Gattolin, Marc Ladreit de Lacharrière a tenu parole et a légué sa collection d'art africain au musée du Quai Branly, qui fait des travaux pour l'accueillir. Sinon, la réalisation d'un Louvre Abu Dhabi en Afrique me paraît difficile à imaginer, d'autant que celui-ci a été conçu peu ou prou sur le modèle des Guggenheim : c'est le demandeur qui paie.
Ce qui est plus urgent, c'est de redonner leur dignité aux conservateurs africains. Voyez la liste de ceux qui ont été auditionnés pour le rapport Sarr-Savoy : seulement deux ou trois, dont le conservateur du musée de Dakar. Il faut former des conservateurs africains, car, à ce jour, ce sont les derniers de la classe qui choisissent ce travail. Quand on est universitaire en Afrique, les débouchés sont importants aux États-Unis ; en revanche, les conservateurs ont peu de débouchés. Il faut insister auprès de nos interlocuteurs africains pour que ces personnalités soient traitées comme elles doivent l'être - salaires décents, perspectives de carrière, etc. - et aider à la rénovation d'un certain nombre de musées.
De même, nous travaillons trop peu avec le réseau sud et ouest-africain, alors qu'il nous faudrait bâtir une politique de musée à musée.