Intervention de Didier Guillaume

Réunion du 20 février 2020 à 14h30
Action du gouvernement en faveur de l'agriculture — Débat organisé à la demande du groupe les républicains

Photo de Didier GuillaumeDidier Guillaume :

Monsieur le sénateur Duplomb, vous disiez ce matin en commission qu’il fallait parler avec moins de passion, de façon éclairée, détendue et contribuer ensemble au débat. C’est ce que vous avez fait peu ou prou dans votre intervention…

Je ne pourrai pas répondre en huit minutes à toutes les questions que vous avez soulevées. Cela étant, je peux vous dire que la politique de ce gouvernement est claire : il s’agit de travailler pour les agriculteurs, de travailler pour les pêcheurs, pour les conchyliculteurs, pour l’ensemble du monde agricole, pour les forestiers, pour les entreprises agroalimentaires et pour l’agroalimentaire. Voilà l’enjeu de la politique menée par le Gouvernement ! Il s’agit d’abord d’écouter, de comprendre et d’accompagner les agriculteurs, parce que ce sont ceux qui font l’agriculture, ceux qui travaillent dans l’agriculture, ceux qui travaillent pour l’agriculture qui sont les plus à même de parler de l’agriculture, même s’il n’est pas forcément utile d’être agriculteur pour comprendre la dynamique agricole et pour travailler dans cette dynamique.

Je le réaffirme devant vous : l’agriculture n’est pas à bout de souffle et, pour lutter contre l’agribashing, il faut aussi parler positivement de l’agriculture et non pas toujours négativement.

Je crois que nos concitoyens commencent à prendre conscience du désarroi de nos paysans. Le Gouvernement a mis en place plusieurs mesures pour lutter contre ce désarroi et contre cet agribashing. Je pense aux observatoires départementaux de lutte contre l’agribashing ou encore à la cellule Déméter du ministère de l’intérieur ou aux instructions données par la garde des sceaux pour lutter contre toutes les intrusions, contre le dénigrement, contre toutes les attaques dont font l’objet les agriculteurs.

Le premier engagement, c’est évidemment celui de la transition agroécologique. Nous ne voulons pas changer de modèle, nous voulons simplement le faire évoluer, parce qu’on sait très bien que la faille, la coupure, la fosse, l’abîme qui existe entre la société et l’agriculture, entre les citoyens et les agriculteurs, si l’on n’y prend garde, ne sera jamais comblé.

Il faut éviter d’opposer non pas les modèles agricoles entre eux, mais l’agriculture et la société civile, les réseaux sociaux et ceux qui travaillent la terre. Je le dis souvent : il faut ralentir le temps court et accélérer le temps long ; on ne fait pas muter l’agriculture au rythme des tweets, on fait muter l’agriculture au rythme des saisons, au rythme des pratiques culturales.

Dans cet hémicycle, comme à l’Assemblée nationale, vous n’avez pas tous les mêmes positions. C’est pour cela que le Gouvernement essaie d’adopter une position médiane, celle de la transition agroécologique, celle de la transition énergétique, celle, surtout, qui permettra demain de conférer à l’agriculture française plusieurs vertus : rémunérer ses paysans – le compte n’y est pas encore aujourd’hui – ; assurer notre autonomie alimentaire – c’est le cas – ; continuer à produire pour l’exportation.

Si nous voulons une agriculture forte, il faut que celle-ci s’appuie sur un triptyque : la compétitivité, la recherche et la transition agroécologique. Sans compétitivité, sans création de valeur, sans création de richesses, l’agriculture sera par terre. Mais cette agriculture ne pourra se faire que si l’enseignement supérieur et la recherche jouent tout leur rôle, indispensable.

On sait très bien qu’il faudra sortir de la dépendance aux produits phytopharmaceutiques ou phytosanitaires. C’est ce à quoi s’efforcent tous les agriculteurs. Mais on ne peut pas les laisser sans solution. Certains dans cet hémicycle souhaiteraient que soit immédiatement interdit le recours à ces produits tandis que d’autres souhaiteraient que nous prolongions leur autorisation. La position du Gouvernement consiste à faire en sorte de mettre fin à cette dépendance en ne laissant aucune filière, aucun secteur sans solution.

En même temps, nous devons rassurer les paysans en leur permettant de vivre décemment de leur activité et de poursuivre leurs pratiques si celles-ci évoluent. Mais il faut aussi rassurer les consommateurs et leur dire clairement que l’agriculture française est l’une des plus durables du monde et qu’on peut avoir confiance dans les produits alimentaires français, qui sont de qualité.

Aujourd’hui, il y a trop de violence dans notre monde, il y a trop de violence à l’encontre des agriculteurs, et nous travaillons pour tenter d’y remédier.

Monsieur le sénateur, vous avez évoqué plusieurs sujets. Vous avez notamment dit que le discours du Président de la République avait porté un coup fatal à la PAC. Regardez la réalité ! Parlons de la PAC non pas abstraitement, mais avec des chiffres, comme l’a très bien fait le Président de la République.

J’ai lu hier que vous et certains de vos amis des Républicains, sous la houlette du président Christian Jacob, alliez faire à l’occasion du salon de l’agriculture des propositions. Ce qui compte, ce sont non pas les effets d’annonce, mais les choses concrètes. Vous me dites que la France ne se bat pas pour l’agriculture : il se trouve que le Président de la République est cet après-midi à Bruxelles avec, comme il l’a clairement annoncé, un seul mandat de négociation, à savoir le maintien de la politique agricole commune. Si son périmètre devait être réduit, alors des centaines et des centaines d’exploitations agricoles disparaîtraient.

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