Intervention de Didier Guillaume

Réunion du 20 février 2020 à 14h30
Action du gouvernement en faveur de l'agriculture — Débat interactif

Photo de Didier GuillaumeDidier Guillaume :

Vous posez une question importante, madame la sénatrice Rauscent.

Les États généraux de l’alimentation ont été un vrai succès : tous les acteurs étaient autour de la table et sont convenus de prendre un nouveau départ.

La loi Égalim a donné beaucoup d’espoir. Elle fonctionne globalement bien, mais, pour l’instant, nous sommes en grande difficulté pour l’application du titre Ier. En termes de rémunération des agriculteurs, le compte n’y est pas.

Cette loi prévoit l’inversion de la construction du prix. Cela n’avait jamais été essayé, alors qu’on constate depuis vingt ans que les agriculteurs ne gagnent pas assez bien leur vie. Cette mesure doit permettre d’y remédier.

Les agriculteurs sont les seuls producteurs qui ne fixent pas le prix de leurs produits. Lorsqu’un agriculteur vend son lait ou sa viande à la coopérative, c’est la coopérative qui lui dit combien elle va lui donner à la fin du mois.

Les filières et les OP (organisations de producteurs) ont mis en place leurs propres indicateurs, certes un peu tardivement, mais ils l’ont fait, et nous constatons d’ores et déjà que les prix sont en train de monter. Il faut maintenant que les négociations se passent de manière vertueuse.

La filière bovine est particulière, car son interprofession est complexe. En outre, un opérateur traite à lui seul 75 % des volumes. C’est à la fois un point positif, car il s’agit d’une grande entreprise française, et un sujet de préoccupation, parce que cet opérateur est non pas en situation de monopole, mais prédominant.

De plus, nous produisons beaucoup de steaks hachés, mais quasiment plus de viande maturée. Ainsi, à Paris, par exemple, 85 % des restaurants ne proposent pas de viande française à leurs clients. C’est pourquoi j’ai récemment entrepris un travail avec la restauration hors foyer, les grands groupes et les restaurateurs. S’il ne porte pas ses fruits, c’est que chacun des acteurs n’aura pas joué le jeu du patriotisme alimentaire.

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