Monsieur le président Bizet, vous avez raison, la filière bovine est confrontée à des problèmes structurels, ce qui explique qu’elle fonctionne mal depuis plusieurs années. Cela étant, cette filière est en train de se prendre en main et d’évoluer ; je vais y revenir.
J’en viens au premier sujet que vous avez abordé.
Le Président de la République, lors de la remise des prix d’excellence du concours général agricole au ministère de l’agriculture, il y a un mois, a parlé pour la première fois de l’« exception agricole et agroalimentaire française », au même titre que nous parlons d’exception culturelle. La position du Président de la République et du Gouvernement est donc claire : on ne peut pas échanger des produits agroalimentaires et agricoles contre des voitures ou des fusées. Dans tous les accords internationaux en cours de négociation ou à venir, on ne peut pas mettre ce type de produits sur le même plan que les autres, faute de quoi ils seront toujours perdants.
Le Président de la République porte cet objectif d’une exception alimentaire et agricole française pour la première fois et devrait probablement en parler ce week-end à Bruxelles. Cette ambition n’avait jamais été défendue par la France. L’enjeu est très important, et vous avez raison de dire qu’il convient d’agir dans ce domaine.
Concernant la filière bovine française, plus particulièrement, nous savons très bien que, aujourd’hui, sans les aides de la PAC, les aides couplées et l’ICHN, toute une partie du bassin allaitant français n’existerait plus, alors même que nous avons des animaux et un élevage de grande qualité. Il faudrait peut-être simplement faire muter cet élevage en fonction de la demande : vous l’avez très bien dit, l’offre et la demande ne correspondent pas. J’évoquais la viande maturée française que l’on ne trouve plus dans les restaurants, à Paris comme ailleurs. Autre exemple : aujourd’hui, nombre de broutards partent pour l’Italie puis en reviennent, ce qui nous coûte plus cher en définitive. On devra sans doute changer de système.
La filière bovine française s’est néanmoins engagée sur la création d’OP et d’AOP. Cette réforme est absolument indispensable. Si l’on veut une massification des viandes bovines, une meilleure vision de la filière bovine sur l’état du marché, il lui faut une meilleure organisation.
La filière bovine est en train d’évoluer. J’ai assisté à son congrès il y a quelques semaines, et je pense que la création des OP et des AOP devrait lui permettre d’être davantage concurrentielle face aux acheteurs et aux coopératives. Je la soutiens complètement dans sa démarche actuelle.