Ma question porte sur la militarisation de l’espace, alors que nous sommes confrontés à une nouvelle étape charnière en la matière.
À l’origine, la conquête spatiale a été protégée de la militarisation par le traité de 1967, puis la convention de 1972. Aujourd’hui largement attaquées, ces protections ne sont plus suffisantes : la guerre se déporte de plus en plus vers l’espace, dans l’espace lui-même mais aussi au sol, compte tenu de la dépendance de plus en plus grande des systèmes économiques et des troupes militaires à la géolocalisation.
Toutes les grandes puissances se dotent d’outils sophistiqués : le GPS, Galileo, les Beidou chinois, le Glonass russe. Autant de nouvelles cibles, toujours plus difficiles à défendre.
Alors que ces outils offrent des opportunités nouvelles considérables, que le rapporteur a détaillées, allons-nous accepter comme inéluctable la dérive vers la militarisation de l’espace ? Alors que l’escalade est marquée, notamment, par la création de la Space Army par Washington et, désormais, du corps d’armée spatial français, allons-nous laisser perdurer la réticence du Japon, des États-Unis et de l’Europe à discuter d’un nouvel accord international protégeant l’espace ?
Le Space Act américain de 2015, marquant une rupture unilatérale du traité de 1967, a autorisé les entreprises états-uniennes à s’emparer des ressources spatiales. Aujourd’hui, des acteurs privés majeurs sont subventionnés par le Pentagone, qui y consacre beaucoup d’argent. Pendant ce temps, nous prenons du retard, avec l’assèchement progressif d’ArianeGroup et le manque de soutien budgétaire à l’Onéra.
Ne faudrait-il pas plutôt essayer de stopper cette bataille de la militarisation ? La France est-elle prête à se battre en Europe pour que s’ouvrent des discussions autour d’un nouveau traité, à l’image du traité de désescalade militaire dans l’espace proposé par la Chine ?