Vous avez raison de le rappeler, monsieur le sénateur Canevet, nous avons effectivement changé d’échelle en matière spatiale, tant du point de vue du nombre d’objets envoyés dans l’espace que de la façon dont on les y envoie.
Cela dit, je pense qu’il faut faire attention aux annonces. Certes, on annonce l’envoi de 40 000 objets, mais suivons les choses de près, pour une raison très simple : en réalité, SpaceX se pose aujourd’hui en quasi-concurrent des satellitaires, alors qu’il n’était jusqu’à présent que lanceur de satellites. Je demande donc à voir, et c’est aussi ce que disent les satellitaires.
Comment ces derniers vont-ils, ailleurs dans le monde, se positionner par rapport à l’un de leurs concurrents ? Vont-ils continuer de lui confier le lancement de leurs satellites ? Le modèle économique de SpaceX est donc en train de changer et, évidemment, nous y sommes tous très attentifs.
Vous parlez par ailleurs du prix de lancement. Là encore, je pense qu’il est très important de comprendre que le prix des lancements institutionnels confiés à SpaceX est tellement élevé qu’il permet à cette société d’engager une guerre économique dans le lancement de satellites commerciaux.
De notre côté, nous soutenons globalement, au travers de l’ESA et des budgets de l’Union européenne, notre politique spatiale. C’est une autre façon de faire, et elle n’est pas forcément moins efficace.
Toutefois, vous avez raison, nous avons besoin d’innovations de rupture. C’est pour cela qu’ArianeWorks a été créé avec – je l’évoquais précédemment – du personnel issu d’ArianeGroup et du personnel issu du CNES. Cette entité dispose donc de toutes les compétences scientifiques et techniques pour concevoir l’innovation de rupture. Il est extrêmement important que nous puissions le faire, car, dans le domaine spatial, l’innovation incrémentale ne sera pas la solution pour garantir notre souveraineté.