Intervention de Laurence Cohen

Commission des affaires sociales — Réunion du 26 février 2020 à 9h00
Risques liés au coronavirus covid-19 et les mesures prises par les pouvoirs publics pour lutter contre sa transmission — Audition

Photo de Laurence CohenLaurence Cohen :

En cas de crise sanitaire, le personnel hospitalier - soignant et non soignant - se mobilise. Or personne n'ignore ici que, depuis un an, il y a, à l'hôpital, une crise terrible, une grève et des mobilisations, avec des revendications partagées, des aide-soignants aux grands professeurs.

Très concrètement, quelles mesures exceptionnelles le nouveau ministre compte-t-il mettre en place pour ouvrir des lits très rapidement, pour consolider et renforcer le personnel hospitalier et lui donner les moyens de gérer la crise ?

Vous nous avez parlé avec justesse des Ehpad. Nous sommes toutes et tous ici bien placés pour connaître la situation de ces établissements, qui manquent de personnels, de formations... Vous nous assurez que vous ferez en sorte de leur faire connaître toutes les recommandations. Je suis persuadée que votre communication sera de qualité, mais par qui les informations seront-elles reçues et comment seront-elles utilisées ? Qui y aura-t-il au bout de la chaîne, au sein des Ehpad, pour s'en servir de manière efficace ?

Pr. Jérôme Salomon. - Vous avez évoqué tout à l'heure, monsieur le sénateur, les enjeux des réseaux sociaux et des rumeurs. C'est notre principale menace. Objectivement, nous avons collectivement beaucoup progressé dans la connaissance des maladies infectieuses, notamment dans les réponses apportées, qu'il s'agisse des antiviraux, des vaccins, de l'hygiène et de la réanimation. En revanche, c'est l'inconnu pour ce qui concerne des réactions de plus en plus irrationnelles et l'impact des réseaux sociaux. Si la peur a toujours existé, la diffusion des rumeurs, en revanche, était moins grande.

Vous avez posé la question de la rationalité de la contagiosité éventuelle ou des chaînes de transmission. Pour ce qui concerne le foyer des Contamines-Montjoie, il y a eu 12 cas secondaires, dans des conditions de promiscuité très forte. Inversement, un enfant détecté positif a pu se rendre dans trois écoles différentes sans qu'il n'y ait aucun cas secondaire. Il est intéressant d'observer cet aspect.

Il n'existe pas de politique européenne de santé, bien que les ministres de la santé agissent dans le cadre d'une coordination très forte, comme en témoigne la réunion qui s'est tenue hier à Rome. D'autres coordinations sont en oeuvre au niveau du G7.

Nos concitoyens ont du mal à faire la différence entre les décisions d'État et les décisions de compagnies aériennes.

Madame Rossignol, une conférence de presse est prévue dans quelques heures sur la situation dans l'Oise. Je partage avec vous la nécessité d'expliquer la situation, sur le terrain, avec les élus locaux. Il y a une très grande différence entre un cas sans explication et une épidémie. En effet, on peut découvrir des cas pour lesquels la contamination reste mystérieuse, ce qui ne signifie pas que le virus circule massivement dans la zone. Une telle situation est difficile à expliquer. D'où l'importance de renforcer l'information, ainsi que la détection de cas dans la zone. Les épidémiologistes pourront donc vous répondre dans les prochains jours.

Outre le salut amical mais distancié que les infectiologues seront peut-être amenés à adopter, le lavage des mains est un élément important. Nous sommes en retard concernant l'acquisition de ce réflexe systématique.

Madame la sénatrice, vous avez également parlé de l'afflux massif de victimes potentielles dans les hôpitaux. Il y a là un enjeu d'orientation médicale : il faut réserver l'hôpital aux cas graves, afin qu'il ne soit pas embolisé par des formes mineures ou des tests. Ainsi, l'hôpital Bichat a d'ores et déjà organisé une filière ambulatoire, qui évite l'immobilisation d'une chambre d'hôpital.

Par ailleurs, dans les situations graves, les hôpitaux ont la possibilité d'activer leurs plans blancs et de déprogrammer des actes de chirurgie, afin de prendre en charge un plus grand nombre de victimes.

Bien entendu, j'entends parfaitement leurs difficultés et leurs demandes. Pour autant, je suis frappé par leur comportement, qui est remarquable. Ils sont toujours présents.

S'agissant des moyens humains et financiers, il y aura des apports techniques, logistiques et humains. Il faudra renforcer un hôpital qui est en crise et qui gère une épidémie, comme le font aujourd'hui les Italiens. Je pense que M. le ministre répondra dans l'après- midi à ce type de questions. L'hôpital doit être capable de prendre en charge des cas graves. Quant aux professionnels de santé, ce sont des acteurs majeurs de la réponse, dans la mesure où 80 % des cas relèvent de formes mineures de la maladie et doivent donc rester chez eux.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion