Monsieur le président, messieurs les ambassadeurs, au nom du groupe Les Républicains au Sénat, nous vous souhaitons la bienvenue à cette table ronde inédite. Cet échange est d'abord l'occasion de redire avec force l'amitié entre nos pays respectifs à l'heure où la sécurité en Afrique et en Europe est menacée par le terrorisme islamiste. La France est l'un des pays les plus mobilisés humainement et financièrement dans cette lutte. À mon tour, je rappelle les conditions de l'engagement français au Mali puis au Sahel car cela a pu faire débat, ce qui est dommageable pour tous. La France est intervenue en réponse à la demande d'aide du Mali en janvier 2013. Il s'agissait alors de stopper des colonnes entières de djihadistes qui se dirigeaient vers Bamako. Les villes de Gao et Tombouctou étaient les premières victimes des djihadistes. En réponse aux accusations infondées de néocolonialisme et face à l'ampleur des enjeux sécuritaires, nous avons la responsabilité commune de rappeler le cadre de l'aide française. De Serval à Barkhane, nous agissons, avec nos partenaires européens, dans un cadre juridique clairement défini, comme en attestent les résolutions n° 2056, 2071 et 2085 de l'ONU. Ici même, l'opération Serval et sa prolongation ont fait l'objet de débats et de votes, conformément à notre Constitution, au Sénat le 22 avril 2013.
Depuis, l'action française dans la zone dépasse le seul volet militaire. L'alliance Sahel, lancée en 2017 par la France, l'Allemagne et l'Union européenne a été créée pour améliorer l'efficacité de l'aide au développement dans la zone et pour être l'interlocuteur du G5 sur les questions de développement, évidemment primordiales. L'Agence française de développement (AFD) est un acteur majeur, totalement mobilisé.
Enfin, n'oublions pas que 45 soldats ont fait le sacrifice de leur vie pour la sécurité et la paix dans cette zone. Il est primordial de rappeler à tous, ici et en Afrique, les raisons et les objectifs de l'action française, en coopération et en concertation avec les troupes des pays concernés : aider les pays à conserver leur intégrité territoriale ; protéger les populations civiles de la barbarie des islamo-fascistes ; former et accompagner les soldats du G5 ; créer les conditions d'un développement plurisectoriel pour la réalisation de projets inclusifs.
Néanmoins, nous devons tous avoir conscience que nous nous inscrivons dans un temps stratégique long et dans une dimension régionale nécessitant l'implication et la responsabilisation de tous.
À la lumière de ces éléments, je souhaite recueillir vos sentiments sur deux points. En matière de sécurité, la part du renseignement est décisive, en particulier en ce qui concerne l'argent des trafics de drogue ou d'êtres humains, manne financière des terroristes. Quels dispositifs pourraient être mis en place, par exemple avec l'Algérie, qui a ratifié des conventions de sécurité avec de nombreux pays ? En matière d'éducation et de santé, secteurs cibles pour les terroristes qui s'attaquent prioritairement aux écoles et aux structures de soins - quelque 1 500 écoles ont fermé, ruinant des efforts de longue haleine -, rappelons que le service de santé des armées réalise beaucoup d'actes de soins et de chirurgie sur place. Aussi, le maintien d'infrastructures vitales est un signal fort envoyé à la population, qui témoigne de la résilience de l'État. Ces infrastructures évitent également le déplacement de populations, facteur important de risque de déstabilisation.
Au Sénat, nous croyons aux 3 D - diplomatie, défense et développement. Pourriez-vous nous éclairer sur les mesures que vous souhaitez mettre en place au niveau régional, pour renforcer les structures de gouvernance ? Quels sont vos besoins ?