Je vous remercie de cette invitation. Nous, Sahéliens, ne sommes pas ingrats. Nous reconnaissons que sans l'intervention de la France au Sahel en 2013, le Mali n'existerait plus. Il faut dire les choses clairement. Nous avons aussi des opinions. Si un artiste critique la France, ce n'est pas la majorité des Maliens ni des Sahéliens. De même, tous les Français soutiennent-ils l'action du gouvernement français au Sahel ? Nous acceptons les opinions telles qu'elles sont. Elles peuvent être minoritaires. Nous ne sommes pas ingrats. Il faut le dire fort : la France a joué un grand rôle pour le sauvetage du Mali et pour le Sahel.
J'échange beaucoup avec les militaires tchadiens. Certains se plaignent. Ils disent qu'on laisse le terrain libre aux djihadistes. Ce sont eux qui ont l'initiative. Il y a peut-être un problème de formation des militaires. Certains sont habitués au combat du Sahara et repèrent un mouvement. D'autres sont formés classiquement et ne bougent pas.
Le renseignement est très utile. Une armée qui n'est pas renseignée n'est pas opérationnelle. Des groupes djihadistes lancent des opérations en moto sans qu'on les détecte. C'est grave. Les militaires, sur le terrain, se plaignent de l'absence de couverture de renseignement efficace.
Mon pays, le Tchad, vit dans un environnement compliqué : au nord, nous avons 1 100 kilomètres de frontière avec le sud de la Libye, zone de trafic qui n'appartient à personne. Qui alimente les terroristes, se demandait-on tout à l'heure ? Tout part du sud de la Libye : les terroristes s'y approvisionnent en armes, en argent, en hommes.
Nous avons donc besoin de soutien, en véhicules, mais aussi en hommes et en formation, pour contrôler cette frontière, d'autant que, par ailleurs, les migrants arrivent aujourd'hui par milliers en Libye via le Soudan ou l'Afrique de l'ouest, pour tenter de se rendre en Europe.
En matière de lutte contre le crime transfrontalier, nous avons vraiment besoin d'aide !