Nos pays interagissent, collaborent, travaillent ensemble, contre le terrorisme au Sahel.
N'oublions pas - cela a été dit - que la situation au Sahel depuis 2013 a un lien avec les événements survenus auparavant en Libye, ce dernier pays restant l'un des points qui alimentent ce conflit.
Nous remercions la France, avec laquelle nous coopérons de manière très sérieuse, pour son action continue et efficace. Nous avons mis en place le G5 Sahel en 2014 ; la France soutient notre organisation depuis sa création, y compris au niveau politique et diplomatique, devant les Nations unies ou l'Union européenne ; elle nous a permis de faire connaître cette initiative inédite au niveau international. Nous le disons clairement : l'objectif est de continuer et d'approfondir ce travail en commun. Non, comme l'a dit mon collègue du Tchad, les pays du Sahel ne sont pas ingrats envers la France ; nous reconnaissons pleinement le soutien qu'elle nous apporte.
Ceux qui s'expriment, ici ou là, dans nos pays, contre la France soutiennent sans le savoir les groupes terroristes, accompagnent leur action. On ne peut pas laisser croire que c'est la France, qui est notre alliée depuis le début de ce conflit, qui créerait la situation difficile qu'elle-même, d'ailleurs, affronte ! Les discours qui vont dans ce sens ne reflètent pas du tout ni les positions officielles de nos autorités ni l'opinion des populations civiles de nos pays. Il s'agit de discours marginaux, qui satisfont les groupes terroristes.
J'ajoute que ce débat qui n'en est pas un est alimenté par les réseaux sociaux, qui jouent sur ce genre de sentiments à coup de montages fallacieux, au risque d'attiser les tensions intercommunautaires.
Le sommet de Pau a été un important moment de clarification ; les échanges qui y ont été menés vont permettre de rendre notre action conjointe plus effective et plus efficace. Nous nous en félicitons. Nos autorités sont à pied d'oeuvre pour mettre en oeuvre les recommandations du sommet. Les réunions d'évaluation ont ainsi commencé au Niger ; elles se tiennent de manière régulière et sont présidées par le chef de l'État lui-même.
Pour ce qui concerne la situation de nos forces armées, je voudrais quand même souligner, à l'intention de M. le président, que les groupes terroristes qui attaquent nos armées ne sont pas de petits groupes équipés d'un pick-up et de quelques moutons, mais des groupes importants et organisés, de 500 hommes et plus, capables de repérer nos positions et de connaître la structuration de nos détachements, dotés de moyens sophistiqués, acquis via le trafic de drogue notamment, qui n'ont rien à envier à ceux dont disposent nos armées nationales.
N'oubliez pas que le défi qu'affrontent nos forces armées est considérable : nos militaires doivent contrôler un espace très vaste. La frontière entre le Niger et le Mali, par exemple, s'étend sur 800 kilomètres.
Nous attendons que les propositions déclinées à Pau soient suivies d'effets : nous demandons une meilleure coordination des services de renseignement, une meilleure surveillance aérienne, une meilleure capacité de réaction face aux attaques qui visent les positions de nos forces armées et épuisent des populations paisibles.
Le Sahel est cette digue qui maintient la paix et la sécurité entre l'Afrique et l'Europe. Si cette digue cède, l'Europe, malheureusement, en saura quelque chose ; mais nous faisons tous les efforts possibles pour que le Sahel soit pacifié. Et nous sommes certains que nous emporterons la victoire.
Je rappelle en outre que la collaboration du Niger avec la France va au-delà de celle qui est organisée dans le cadre du G5 Sahel : nous coopérons dans le bassin du lac Tchad, à l'est du Niger, pour combattre Boko Haram, qui y sème la terreur et la désolation. Nous faisons, ensemble, du bon travail, et nous comptons sur vous, mesdames, messieurs les sénateurs, pour contrecarrer les discours qui laissent entendre le contraire - ils n'ont rien à voir avec la réalité. Notre souhait est que nos pays puissent avancer vers le progrès et la prospérité.