Nous sommes heureux d'accueillir M. Patrick Haimzadeh, spécialiste de la Libye, afin d'évoquer le conflit qui dure dans ce pays depuis plus de neuf ans. Des dynamiques très préoccupantes sont aujourd'hui à l'oeuvre, à tel point que certains parlent d'un scénario de « syrianisation », avec mainmise de puissances régionales poursuivant leur propre agenda et implantation de djihadistes.
Vous disposez, monsieur Haimzadeh, d'une connaissance de terrain, notamment pour avoir été diplomate en Libye de 2001 à 2004, et vous écrivez régulièrement sur le sujet. Vous avez par ailleurs travaillé pour le compte de la France et des Nations unies en Égypte, en Irak, au Yémen et à Oman, et vous êtes donc familier des contextes de crise.
La situation libyenne préoccupe particulièrement notre commission, depuis son rapport d'information de juin 2018 intitulé Libye : entre sortie de crise et tentation du statu quo. Depuis lors, le contexte s'est dégradé.
L'offensive contre Tripoli lancée par le maréchal Haftar en avril 2019 a été un tournant. Le cessez-le-feu conclu en janvier entre le Gouvernement d'entente nationale et l'Armée nationale libyenne n'a eu de cesse de témoigner de sa fragilité. Quelles sont, selon vous, les perspectives de pacification, de cessez-le-feu militaire, mais plus encore d'entente politique de long terme et de reconnaissance commune d'institutions nationales ?
Nous nous intéressons également au rôle de l'ONU, qui a annoncé la mise en place de trois dialogues inter-libyens - militaire, politique, économique -, et à la mission navale et aérienne lancée par l'Union européenne la semaine dernière. Quelle efficacité faut-il attendre de ces nouveaux mécanismes ?
On assiste à un interventionnisme affiché de la part de la Turquie et de la Russie. Quels sont les impacts de ces soutiens pour chacune des parties au conflit ? Peut-on parler d'un scénario syrien ?
Les Européens ont lancé une nouvelle opération de contrôle de l'embargo sur les armes. Que peut-on en attendre ? La France a tenté de favoriser, à La Celle-Saint-Cloud, un début de dialogue qui n'a pas été fructueux. Quelle est votre analyse de la situation ?