Monsieur le sénateur, effectivement, jeudi et vendredi dernier, nous avions beaucoup à faire : nous devions décider vite, pour nous donner des moyens à la hauteur de nos ambitions, s’agissant non seulement de l’agriculture – je vais y revenir –, mais aussi d’autres priorités que nous défendons.
Cela n’a pas pu être fait. Nous le regrettons et nous continuons à travailler.
Il faut tirer des leçons de ce Conseil, il faut profondément changer de méthode, il faut repenser notre méthode de travail. Nous ne pouvons pas, au sein de l’Union, décider de crise en crise et laisser des blocs s’affronter. Notre puissance, notre force, c’est notre union, et quand nous organisons la division ou la laissons s’organiser, c’est l’impuissance qui gagne.
Nous avons trois priorités avec ce budget européen.
Tout d’abord, la politique agricole commune. Je l’ai dit, nous ne pouvons pas demander à nos agriculteurs de faire plus avec moins de moyens.
Ensuite, nous voulons de nouveaux instruments de souveraineté, comme le Fonds européen de la défense.
Enfin, nous voulons réformer le financement, parce que la solution, ce n’est pas de sacrifier l’agriculteur français pour faire plaisir au contribuable néerlandais, ou de sacrifier l’élu local d’outre-mer pour financer la défense européenne. Cela n’a pas de sens !
Nous devons, en revanche, augmenter nos ressources et trouver de nouveaux leviers de financement, pour que nous puissions investir en complément des contributions nationales. Si nous disposons des mêmes moyens qu’il y a vingt ans, nous aurons les mêmes politiques qu’il y a vingt ans. Or nous avons de nouvelles ambitions, qu’il faut financer.
Comment faire ? En taxant ceux qui bénéficient du marché européen et des politiques européennes, mais qui, aujourd’hui, n’y contribuent pas. Il est hors de question d’augmenter les impôts, et personne ne souhaite le faire.
Toutefois, des possibilités s’offrent à nous aujourd’hui : nous pouvons taxer le carbone aux frontières, les émissions de carbone, le plastique non recyclé, les géants du numérique.