Intervention de Agnès Pannier-Runacher

Réunion du 26 février 2020 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Investissement de capitaux étrangers en france

Agnès Pannier-Runacher :

Effectivement, lors de son déplacement à Abou Dabi, lundi dernier, le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire a annoncé le lancement de ce fonds, qui a vocation à réunir 10 milliards d’euros, pour les investir dans les entreprises françaises.

Première réponse, donc, ce fonds est bien conçu pour investir dans des entreprises françaises, et non étrangères, avec un objectif de stabilisation du capital de ces sociétés.

Pourraient être concernés deux cas de figure, déjà rencontrés par le passé – c’était d’ailleurs dans le même but que le Fonds stratégique d’investissement, ou FSI, avait été créé à la fin de 2008.

Le premier cas de figure est celui d’entreprises sous-valorisées dans le cadre d’un retournement de cycle. Ce fut le cas dans le secteur automobile en 2009, par exemple, et le FSI avait à l’époque investi dans l’équipementier Valeo.

Le deuxième cas de figure est celui d’entreprises au capital extrêmement morcelé et qui peuvent donc faire plus facilement l’objet d’offres publiques d’achat, ou OPA, avec des intentions d’éclatement, pour une création de valeur à court terme, malheureusement aux dépens d’une stratégie industrielle de moyen terme.

En termes de gestion, je veux vous rassurer, monsieur le sénateur Segouin, il reviendra bien aux équipes de Bpifrance de sélectionner les investissements et porter l’ensemble de la stratégie d’investissement : à l’entrée dans le capital, durant toute la gestion de la participation, avec les prises de position qu’elles seront amenées à prendre au moment des assemblées générales, et lors de la cession. Les investisseurs, qu’ils soient français ou étrangers, n’auront pas leur mot à dire sur ces décisions d’investissement.

Le fonds, en fait, est structuré comme n’importe quel fonds courant sur la place de Paris : c’est l’équipe d’investissement qui fait le choix de la politique menée.

Je préciserai également que Bpifrance a vocation à apporter 2 milliards d’euros et les investisseurs de la place de Paris 1 milliard d’euros. Nous nous tournerons, bien sûr, vers les investisseurs français, et c’est une très bonne nouvelle que nous puissions compter sur l’accompagnement de fonds de long terme étrangers : ceux-ci contribueront à l’attractivité de notre pays.

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