… en raison de leur genre ou de leur origine ethnique – comme nos compatriotes d’origine asiatique en cette période de coronavirus –, ou simplement parce qu’ils s’expriment librement, sans concevoir une réponse forte et dissuasive contre celles et ceux qui les menacent impunément !
Tenir des propos haineux et illicites en ligne ne relève pas de la liberté d’expression ; c’est un délit, qui doit être sanctionné.
Il nous faut par ailleurs, me semble-t-il, appréhender le texte que nous examinons aujourd’hui dans un contexte plus large, et en saisir toute la portée.
Comment ne pas voir la menace qui plane sur nos institutions démocratiques elles-mêmes ? S’il y a un élément au regard duquel les événements survenus dans le cadre de la campagne de l’élection municipale parisienne doivent collectivement nous interpeller, c’est bien la nécessité que nos outils et nos lois s’adaptent enfin à l’ère du numérique.
Bien sûr, ce texte n’aurait rien empêché à l’épisode en question. Mais il est urgent que l’État montre et démontre qu’il est capable de protéger efficacement ses citoyens, en ligne comme hors ligne.
Il y a, en la matière, une continuité dans l’action de ce gouvernement ; je pense notamment à l’introduction de la plainte en ligne, qui sera expérimentée dès cette année, à la spécialisation d’un parquet en matière numérique, qui permettra de mieux combattre les abus en ligne et de gérer plus efficacement les échanges avec les réseaux sociaux, et à la proposition de loi dont nous débattons aujourd’hui pour enfin lutter contre les contenus haineux sur internet.
C’est dans ce même souci d’efficacité que la France se bat pour que soit mis en place à l’échelon européen un véritable cadre de supervision des réseaux sociaux en matière de contenus dangereux.
Comme le président Larcher, qui a eu, en l’espèce, des mots justes, je vous propose de mettre un coup d’arrêt à ces « torrents de boue » qui n’ont rien de virtuel et qui, détruisant quotidiennement des réputations et des vies, finissent par salir notre démocratie dans son ensemble.
La puissance publique ne doit pas avoir la main qui tremble au moment de prévoir des sanctions sévères à l’encontre des plateformes et des réseaux qui ne se mettront pas à niveau pour protéger nos concitoyens. Ce qui est ici en jeu, en effet, ce n’est pas seulement notre vie en ligne ; c’est le respect de la dignité des personnes, le respect de l’État, le respect de la loi, le respect de tout ce qui fait tenir notre société. Ce qui est en jeu, c’est le début d’une forme de reconquête républicaine.