Intervention de Philippe Subra

Délégation aux collectivités territoriales — Réunion du 20 février 2020 : 1ère réunion
Table ronde : « grand paris : une gouvernance à l'échelle territoriale ? »

Philippe Subra, géographe à l'Institut français de géopolitique et à l'université Paris VIII - Saint-Denis :

Je suis géographe spécialisé en géopolitique locale : j'aborde les questions d'aménagement du territoire, les politiques publiques, les conflits et les questions de gouvernance à partir de l'angle des rivalités de pouvoir pour le contrôle de territoires.

L'agglomération parisienne, en raison de son poids économique et démographique, constitue un enjeu politique majeur en France. Il ne me semble pas possible de gagner l'élection présidentielle si l'on n'est pas en tête, en région parisienne, car la région détient de nombreuses positions de pouvoir : la Ville de Paris ; 8 des 20 premiers départements français en termes de population ; 40 villes de plus de 50 000 habitants ; des syndicats intercommunaux extrêmement puissants - comme Île-de-France Mobilités ou le syndicat intercommunal de collecte et de traitement des ordures ménagères. La région parisienne a joué un rôle particulièrement important pour certains courants politiques comme le gaullisme - je pense à Chirac et Paris, ou à Nicolas Sarkozy dans les Hauts-de-Seine - et au parti communiste, avec la banlieue rouge - et encore aujourd'hui, un quart des municipalités de plus de 3 500 habitants détenues par le parti communiste sont situées en région parisienne.

On ne peut pas aborder la question de la métropole du Grand Paris sans prendre en compte cette dimension des rivalités de pouvoir.

Le périmètre retenu ne correspond à aucune logique fonctionnelle. Il laisse en dehors un quart des emplois de la région, un tiers de sa population, le principal aéroport et l'essentiel des villes nouvelles. Il correspond à une logique géopolitique en étant le résultat de la résistance d'un certain nombre d'acteurs. Résistance de la région, qui ne voulait pas cohabiter avec une métropole à l'échelle de l'agglomération ; résistance des départements de grande couronne, qui n'ont pas voulu de l'intégration parce qu'ils craignaient de disparaître ; résistance d'un certain nombre de barons socialistes, qui ont refusé de perdre leur autonomie et ont monnayé leur vote favorable au projet de loi en échange de ce périmètre ; résistance sans doute aussi de certains services de l'État.

Juste une remarque : le fonds d'investissement de la métropole - 50 millions d'euros - représente la moitié du budget d'investissement de la communauté d'agglomération de Chartres !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion