Intervention de Thierry Drilhon

Délégation aux entreprises — Réunion du 16 juillet 2019 à 14h45
Réunion conjointe de la délégation aux entreprises et du groupe interparlementaire d'amitié france-royaume-uni : échanges avec une délégation de parlementaires britanniques du groupe d'amitié royaume-uni-france sur les conséquences du brexit pour les entreprises

Thierry Drilhon, président de la Chambre de commerce et d'industrie franco-britannique :

Mesdames, Messieurs les parlementaires, je suis ravi d'être présent parmi vous. Je représente aujourd'hui le monde économique, à la fois les grandes, les petites et les moyennes entreprises. Je souhaite vous communiquer quelques données de cadrage qui permettent de mettre en perspective la force et la puissance des relations économiques entre nos deux pays.

Globalement, l'ensemble des transactions entre nos deux pays amis représente 92 milliards d'euros. Évidemment, la situation que nous connaissons depuis un certain nombre de mois est délicate. Or, le monde des affaires n'apprécie pas l'incertitude. Cela étant, pour résumer l'attitude des dirigeants d'entreprise que nous sommes et que je représente par le biais de la Chambre de commerce et d'industrie franco-britannique (qui fête cette année ses 145 ans, comprend environ 2 000 entreprises - 60 % d'entreprises françaises et 40 % d'entreprises britanniques - et a pour objectif de faciliter l'ensemble des transactions), plusieurs mots me viennent en tête.

Le premier d'entre eux est le calme. Dans des situations de turbulence, il convient de garder son calme. L'autre mot est le pragmatisme. Nous devons nous focaliser sur ce que nous connaissons et que nous pouvons maîtriser. Nous devons, en outre, faire preuve de détermination. Au-delà des décisions démocratiques et des discussions politiques, la voix du business doit se faire entendre et faire en sorte de manière pragmatique que la relation entre nos deux pays, d'un point de vue économique, demeure extrêmement forte. Nous devons également faire preuve d'anticipation. La plupart des grandes entreprises ont anticipé le Brexit, indépendamment de sa nature. Les entreprises de taille moyenne sont également relativement prêtes. En revanche, les petites entreprises traversent une période d'incertitude plus difficile à gérer. Enfin, le dernier mot que je souhaite ajouter est l'agilité. Je nous encourage tous à nous montrer très agiles par rapport aux décisions qui seront prises dans les prochains mois.

Quelles que soient les modalités du Brexit, quels que soient les choix du gouvernement et du peuple britanniques, le monde et la vie des affaires doivent perdurer. Le monde des affaires est en l'occurrence en faveur du remain du point de vue économique. Un certain nombre de cadres et d'accords fonctionnent et continueront de fonctionner. Nous entendons par exemple que les transports aériens cesseront de fonctionner, que des dizaines de kilomètres de véhicules s'amasseront à Calais, etc. Je n'y crois pas. Je crois en effet à l'intelligence collective. Je crois au pragmatisme des situations. Nous avons su traverser des crises historiques beaucoup plus importantes. Nous en traverserons d'autres. Je crois ainsi que l'intelligence collective permettra de trouver des solutions.

Je souhaite simplement vous communiquer quelques données de cadrage. Le Royaume-Uni est le quatrième investisseur étranger en France. La France est le troisième investisseur en Grande-Bretagne. En 2018, 36 millions de personnes ont traversé la Manche. Le flux est permanent, régulier et d'une puissance considérable. Aujourd'hui, 250 000 Français résident sur le territoire du Royaume-Uni et 157 000 Britanniques vivent sur notre territoire.

Il est encore plus intéressant de s'intéresser à l'évolution de nos transactions économiques. En 2018, l'échange de biens a ainsi augmenté de 1 milliard d'euros entre nos deux pays. La Chambre de commerce et d'industrie franco-britannique a souhaité, dans cette période de tumulte et d'incertitude, créer un think tank des relations économiques franco-britanniques. Il s'agit du Cross Channel Institute qui a été mis en place au mois de janvier dernier. Il a publié le premier baromètre des relations économiques franco-britanniques, disponible depuis la fin du mois de juin dernier. Je vous encourage à l'étudier, car il contient des données chiffrées extrêmement intéressantes sur les niveaux de transactions, sur les secteurs, et surtout, sur les biens et les personnes.

Avant de conclure, je souhaite avoir une pensée pour les jeunes générations. Je pense à nos enfants et à nos petits-enfants. J'espère que dans 5 ans, 10 ans, 15 ans ou 20 ans, les turbulences que nous traversons aujourd'hui seront restées limitées à un « One event » et que l'ensemble de nos relations économiques seront demeurées solides et empreintes de respect. Je crois que, dans cette période, il est important de ne jamais insulter l'avenir.

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