Intervention de Thierry Drilhon

Délégation aux entreprises — Réunion du 16 juillet 2019 à 14h45
Réunion conjointe de la délégation aux entreprises et du groupe interparlementaire d'amitié france-royaume-uni : échanges avec une délégation de parlementaires britanniques du groupe d'amitié royaume-uni-france sur les conséquences du brexit pour les entreprises

Thierry Drilhon, président de la Chambre de commerce et d'industrie franco-britannique :

Je réponds avec ma casquette de dirigeant d'entreprise. J'ai notamment dirigé des organisations aussi différentes que Microsoft en Europe ou Cisco en Europe et dans le monde, ayant eu la responsabilité de plus de 80 000 collaborateurs. Les sujets que vous évoquez ont ainsi été mon quotidien pendant 35 ans.

Un dirigeant d'entreprise doit appréhender les négociations au niveau mondial et à tout moment, est amené à prendre des décisions d'investissement. Je ne crois pas à la politique du pire, je crois à la politique du meilleur. Si certaines parties d'Europe ne veulent pas s'ouvrir ou veulent se fermer, le choix est respectable. Dès lors, cependant, d'autres parties d'Europe s'ouvriront pour prendre des parts de marché. Je souscris totalement par exemple aux propos de Tom Enders d'Airbus. Il n'est pas possible d'annoncer le pire et d'exiger le meilleur. Il convient de se montrer pragmatique et de faire preuve d'agilité. Décider consiste à faire des choix.

Je crois à la vision stratégique. J'ai donné trois conseils à l'ensemble des dirigeants d'entreprise : évaluer votre chaîne de valeur ; planifier les impacts ; mettre en oeuvre. Si demain, il s'avère que, sur un secteur spécifique, les transactions ne sont pas possibles, elles se dérouleront ailleurs. Tel n'est pas notre souhait. Tel est en revanche ce qui adviendra.

Je pense que la situation actuelle constitue une opportunité pour les 27 de clamer leurs convictions et leurs valeurs. Il s'agit en outre d'une opportunité de repenser globalement les relations entre la France et le Royaume-Uni, entre la France et l'Europe et entre le Royaume-Uni et l'Europe. Je considère que les équipes de Bruxelles, sous la haute présidence de Michel Barnier, ont accompli un travail remarquable. Elles ont tout fait pour trouver des solutions. Le premier deal ne résolvait certes pas 100 % des difficultés ; il en réglait cependant 92 ou 95 %, en laissant une période de transition qui permettait de trouver les modalités de mise en oeuvre. Je crois que cette option était intelligente et respectueuse de l'ensemble des sensibilités politiques. Elle permettait d'aller de l'avant.

Personne ne souhaite aujourd'hui une situation de tension extrême pour le secteur de l'automobile, le secteur de l'aéronautique, le secteur des services ou le secteur des personnes. Actuellement, quantité de jeunes Français étudient au Royaume-Uni, tandis que quantité de jeunes Anglais étudient en France. Je souhaite que l'Europe continue d'être leur maison. Je pense à eux en particulier. L'ensemble du monde politique devrait avoir leur situation en tête.

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