Nous recevons aujourd'hui MM. Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus et Antoine Bouvier, directeur de la stratégie et des affaires publiques du groupe ainsi que Mme Annick Perrimond-du Breuil, directeur des relations avec le Parlement. Depuis votre nomination en avril dernier, Airbus a connu une actualité très fournie et en dents de scie.
L'année qui vient de s'écouler a été marquée par une performance commerciale exceptionnelle d'Airbus, qui a enregistré plus de 1 000 commandes d'appareils en 2019. Ce chiffre est d'autant plus impressionnant que votre principal concurrent Boeing a vu le nombre d'annulations dépasser le nombre de commandes, à la suite des problèmes techniques ayant cloué ses 737 Max au sol. Vous avez néanmoins appelé à la prudence, en notant que les déboires de Boeing ne feraient pas nécessairement la bonne fortune d'Airbus. En effet, vos capacités de production tournent déjà à plein régime jusqu'en 2025, et vous rencontrez quelques difficultés à tenir vos délais de livraison. Comment Airbus entend-il remédier à cette tension sur l'appareil de production pour profiter pleinement des opportunités commerciales à saisir ? L'ouverture d'ici à 2022 d'un nouveau site d'assemblage d'A321 à Toulouse s'inscrit-elle dans cet objectif ? Votre site en Chine souffre-t-il des réductions d'activités liées à l'épidémie de coronavirus, et cela est-il susceptible d'impacter votre compétitivité à court ou moyen terme ?
L'imposition par les États-Unis de droits de douane sur les avions et pièces importées depuis l'Union européenne, qui vont passer à 15 % ce mois-ci, impactera-t-elle durablement l'attractivité de l'offre d'Airbus et les commandes attendues ? En constatez-vous déjà les effets ? Nous savons que vous vous mobilisez actuellement, tout comme la filière viticole, pour faire aboutir au plus vite des discussions commerciales entre l'Europe et les États-Unis. Quelle est l'avancée de ces négociations ? Quel appui recevez-vous du gouvernement français et de la Commission européenne ? Attendez-vous de l'OMC qu'elle autorise prochainement l'Europe à prendre des mesures équivalentes contre Boeing, également bénéficiaire de subventions publiques ?
La perte nette enregistrée par Airbus cette année - elle avoisine 1,4 milliard d'euros -, malgré ses excellentes performances commerciales, est largement due à la lourde amende consentie par le groupe aux justices françaises, britanniques et américaines. Cette page est-elle définitivement tournée pour Airbus ? En quoi consistera la surveillance sous laquelle vous êtes désormais placés pendant trois ans au titre de cette convention ?
Notre commission se penche en ce moment sur les enjeux de souveraineté économique et de protection des intérêts industriels stratégiques français. Lorsque les États-Unis ont décidé de lancer des poursuites contre Airbus, la loi du 26 juillet 1968 relative à la communication de documents et renseignements d'ordre économique, commercial, industriel, financier ou technique à des personnes physiques ou morales étrangères, dite « loi de blocage », qui vise à empêcher la communication aux justices étrangères de documents et renseignements économiques stratégiques, a-t-elle suffisamment protégé votre groupe ? Est-ce la prise en compte de ce risque de prédation qui vous a poussé à passer un accord avec la justice ?
Si vos performances dans l'aviation civile sont très prometteuses, votre bilan dans le secteur militaire et spatial semble plus contrasté. Votre avion-cargo militaire A400M, pourtant à la pointe de la technologie, semble avoir quelques difficultés à se vendre. Vous avez annoncé un plan de restructuration qui implique 2 360 suppressions de postes dans vos quatre pays d'implantation européens d'ici à 2021, dont 400 en France. Le lancement du nouvel avion de combat européen, annoncé il y a deux semaines, suffira-t-il à améliorer la situation d'Airbus Defense and Space ? Quelle reconversion envisagez-vous pour les sites et les employés concernés ?
Pourrez-vous nous présenter la stratégie d'Airbus ayant abouti au rachat de la part de Bombardier dans le programme A220 ?
Enfin, le transport aérien représente aujourd'hui 2 % des émissions totales de CO2 dans le monde. Vous aviez présenté en juin dernier un prototype « Maveric » pour consommer 20 % de carburant en moins. Comment ce programme se développe-t-il, et quelles sont vos autres pistes concernant la transition environnementale de l'aviation ?