Intervention de Bill Mitchell

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 20 février 2020 à 8h30
Audition de M. Bill Mitchell professeur à l'université de newcastle

Bill Mitchell, professeur à l'Université de Newcastle :

Jean Monnet se retournerait certainement dans sa tombe aujourd'hui ! Son ambition était d'apporter la paix sur le continent européen et de restaurer l'Allemagne comme citoyen du monde. Et, de fait, le projet européen constitue la bonne échelle pour gérer certains dossiers, comme la lutte contre le réchauffement climatique, l'immigration ou les problèmes de santé comme aujourd'hui la question du coronavirus.

Au départ, l'Europe fonctionnait à travers des accords intergouvernementaux, ce qui était adéquat car démocratique. Aujourd'hui, ce sont des traités qui régissent tout et dans lesquels les États sont enfermés, il n'y a pas de démocratie.

Dans un livre publié en 2015, j'ai analysé les différentes options ouvertes à l'Europe et j'ai eu un certain nombre de discussions avec la Commission européenne. Le modèle du gouvernement fédéral, comme celui de l'Australie, était une option.

Je vous renvoie aux rapports Werner de 1970 et de la Commission de 1977 : si on va vers une monnaie européenne, un gouvernement européen est nécessaire, c'est-à-dire un gouvernement fédéral et dans ce cas, il faut un vrai Parlement, comme le Parlement australien et non comme le Parlement européen qui est trop faible. Mais à cette époque, l'Europe n'était pas capable de créer un système fédéral. Jacques Delors a complètement ignoré ces études, l'Allemagne a dominé l'Europe du fait de sa force exportatrice et la France et l'Italie sont restées en retrait. Aucune banque centrale n'était prête à renoncer à ses prérogatives. C'est alors que l'Europe s'est plutôt orientée vers des règles d'austérité budgétaire au lieu de partager une vraie monnaie commune.

La seule solution est de posséder sa propre monnaie.

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