Madame l'Ambassadrice, je voudrais vous poser quatre questions. La première porte sur la politique intérieure irlandaise. Les dernières élections législatives témoignent d'une situation de blocage. Le Sinn Féin, qui a obtenu le plus grand nombre de voix, et le deuxième nombre de députés, apparaît comme un parti quelque peu isolé. Sa candidate a cependant obtenu dix voix supplémentaires lors de l'élection à la présidence. Cela ne lui a néanmoins pas permis d'être majoritaire, puisqu'elle n'a obtenu que 45 voix sur 160 députés. Ce parti est néanmoins très important, puisqu'il s'agit du seul parti de gauche, et qu'il tient des positions très fortes sur la question de l'unification. Cette importance rend la situation particulièrement complexe. Les deux grands partis qui dirigent traditionnellement l'Irlande ont perdu, puisque le parti du Premier ministre sortant est arrivé troisième, tant en nombre de voix que de députés. Aussi, comment envisagez-vous les évolutions politiques de l'Irlande ?
Ma seconde question porte sur la future négociation entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. Michel Barnier vous représentera, et nous représentera, puisqu'il a été désigné aujourd'hui même comme négociateur au nom des 27 face au Royaume-Uni. Ce nouveau mandat de négociation ne sera pas simple. Doivent encore être négociés tous les domaines sur lesquels aucun accord n'a encore pu être trouvé. Pensez-vous qu'il s'agisse d'une mission impossible ? Quel sera son poids face à Boris Johnson ?
Par ailleurs, votre ancien Premier ministre a joué un rôle clé dans les négociations portant sur la délicate question de la frontière entre l'Irlande du Nord et le reste de l'Europe. Personne ne souhaitait le rétablissement d'une frontière physique entre les deux Irlande. En effet, nous connaissons tous le nombre de morts qu'il y a eu à cette frontière par le passé. Il a donc fallu trouver une solution. Celle qui a été trouvée me semble cependant quelque peu bâtarde. L'Irlande du Nord connaîtra en effet un régime de douane anglaise pour l'ensemble des produits qui rentreront sur son territoire, ainsi qu'un régime douanier européen pour ceux qui par la suite continueront leur voyage vers l'Union européenne. La négociation de Michel Barnier ne portera pas sur ce point, puisqu'un accord a été trouvé. Néanmoins, pensez-vous que celui-ci soit applicable dans la pratique ?
Ma dernière question concerne l'Irlande du Nord. Un gouvernement a enfin pu y être formé. Etes-vous optimiste quant à la manière dont il pourra travailler, dans un contexte où persistent les divisions entre communautés protestante et catholique ?