Je suis d'accord avec mon collègue : le voile est non pas un signe de radicalisation, mais un indice, parmi d'autres, d'une adhésion ostensible à une pratique religieuse. Très sincèrement, même si nous ne faisons pas de statistiques, j'ai le sentiment que l'on voit aujourd'hui sur le campus de Nanterre un peu moins de voiles qu'il y a quelques années.
Il est vrai que l'université que je préside est un peu particulière. Son bassin de recrutement couvre certes Nanterre et les communes des Hauts-de-Seine adjacentes, mais aussi l'Ouest parisien en général. La population des étudiants est donc composite, et cela depuis l'origine. Néanmoins, on voyait il y a quelques années un nombre important d'étudiantes voilées ; il y en a sensiblement moins à présent. Il faudrait mesurer ce qu'il en est à Paris-VIII - je m'y rends parfois, car nous sommes liés par la communauté d'universités -, où j'ai l'impression qu'il y a davantage d'étudiantes voilées, même si je serais incapable de donner une tendance.
Même si je sais que ce n'est pas le coeur de votre sujet, je rebondis sur vos propos évoquant les témoignages des universitaires sur la faiblesse de la recherche en la matière, En réalité, il y a un certain nombre de recherches qui sont menées sur la radicalisation, dans plusieurs secteurs disciplinaires.
Le Conseil scientifique sur les processus de radicalisation (Cosprad), qui a été installé une première fois en 2016, puis une nouvelle fois en 2018, vise à réunir des chercheurs, jeunes ou confirmés, ainsi que des représentants des ministères et des institutions, pour leur permettre de travailler ensemble, de s'enrichir mutuellement et d'élaborer des réponses. Y siègent un député et un sénateur...