Lors de nos auditions, nous entendons souvent dire que l'université n'est plus un lieu de liberté comme elle l'était auparavant. Nous trouvons cela très triste, parce que l'université constitue pour nous le symbole même de la liberté d'expression, peut-être parfois excessive, mais nécessaire.
Il existe une forme de censure, qui est imposée par certaines minorités et qui pose problème à la majorité. Ainsi, M. Mohamed Sifaoui n'a pas pu donner sa formation à la Sorbonne, alors que le programme avait été imprimé et que tout était lancé, ce qui nous a beaucoup interpellés. À Bordeaux, Mme Sylviane Agacinski a n'a pas pu dire ce qu'elle pensait de la PMA. Certes, cela ne concerne pas la radicalisation islamique, mais il y a un vrai problème aujourd'hui dans l'université, où l'on ne peut plus parler de tout. Vous dites que certains débats ont été annulés pour des raisons de sécurité ; je le comprends, mais, dans ce cas, on autorise la censure.
Nous avons aussi beaucoup entendu dire - tant mieux si vous nous rassurez - que dans les universités, certes pas partout de la même manière, des groupes islamiques faisaient de l'entrisme. On nous a dit qu'il existait des lieux ou des temps de prière à Bobigny, à Lille, à Lyon, et que cela se savait, mais que cela ne suscitait guère de réaction. On nous a même dit - j'ignore si c'est vrai - que, à Lille, des locaux du Crous avaient été occupés et transformés en lieu de prière.
Quand on se rend en Seine-Saint-Denis, un département que je connais un peu, on se dit qu'il n'est pas possible qu'il n'y ait pas de revendications religieuses dans certaines universités, compte tenu de leur public. Comment résistez-vous à cela ? Les revendications religieuses existent dans le primaire et dans le secondaire, où elles sont relayées par les parents ; à l'université, ce sont les étudiants eux-mêmes qui les expriment. Il existe un problème dans toute la société - le Président de la République l'a dit -, et les universités ne sont pas à l'abri.