Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, permettez-moi de débuter mon intervention en saluant à mon tour le dévouement sans faille, l’abnégation de l’ensemble des personnels soignants de notre pays : les infirmiers, les brancardiers, les médecins, qu’ils soient expérimentés ou jeunes internes. Tous sont mobilisés pour faire face à un défi sanitaire sans précédent dans notre pays. J’ai une pensée toute particulière pour ce médecin dont on a appris le décès aujourd’hui dans l’Oise. Après ces événements, nous ne ferons certainement pas l’économie d’un bilan ni celle d’un nouveau plan en direction de l’hôpital, car nous savons aujourd’hui combien il a montré son efficacité.
Le Président de la République s’est exprimé à deux reprises en moins d’une semaine. Son message était sans équivoque : nous sommes en guerre ; en guerre contre une menace invisible, mortifère, sournoise, un virus qui touche tout le monde et prend des dimensions graves ou dramatiques chez les personnes les plus âgées et les plus vulnérables, un virus qui met au défi l’ensemble de notre système de santé, l’un des plus performants au monde, un virus qui, depuis lundi soir, a bouleversé radicalement, et pour longtemps, le quotidien de tous nos compatriotes, un virus qui met aussi en péril toute notre économie, nos entreprises, leurs salariés, nos artisans, nos commerçants, nos travailleurs indépendants et nos agriculteurs.
Je veux saluer à mon tour ces millions de Français qui, malgré les circonstances, continuent à aller travailler, parce que leur activité est indispensable à la vie du pays dans les services publics, l’agroalimentaire, la grande distribution, les transports, l’énergie ou encore la gestion des déchets. Il faut les remercier, mais aussi s’assurer qu’ils ne mettent pas leur propre vie en danger en leur apportant toutes les protections nécessaires.
Il est important – et je crois, monsieur le président, que vous avez saisi le Premier ministre ou le Président de la République à ce sujet – que le Gouvernement clarifie sa démarche. D’un côté, on demande à nos compatriotes de demeurer en confinement. Ils ont commencé à entendre ce message, et la plupart d’entre eux le respectent ; de l’autre, on demande à certains d’aller travailler. Il faut que les choses soient éclaircies, car on a besoin de ces travailleurs indispensables. Que seraient nos hôpitaux sans plateaux-repas, sans pressing pour nettoyer quotidiennement les vêtements médicaux et autres services extrêmement importants ?
Nous saluons la décision du Gouvernement de supprimer le jour de carence. Nous avions très tôt insisté sur ce point, et nous sommes rassurés d’avoir été entendus.
Il nous faut dès à présent anticiper la sortie de crise, car sortie de crise il y aura, évidemment. Après le séisme sanitaire, nous ne pouvons pas nous permettre un tsunami économique, qui mettrait durablement des millions de Français au chômage, qui installerait la précarité et la paupérisation de pans entiers de notre société avec, au milieu, un État financièrement exsangue. La relance, la reprise doivent se préparer dès maintenant. Elles doivent être coordonnées, bien sûr au niveau européen, mais aussi mondial.
Nous souhaitons ainsi que le Gouvernement informe régulièrement le Parlement sur la stratégie qu’il entend mettre en œuvre après la levée du confinement, ce confinement dont certains de nos concitoyens ne semblent pas toujours avoir compris l’importance cruciale. Inconscients de l’ampleur de la menace que constitue cette épidémie, ils ne veulent pas tenir compte des consignes. Pour ceux-là, qui mettent en danger leur vie, mais surtout celle des autres, la réponse de l’État doit être ferme, très ferme. Le texte que nous votons permettra de sanctionner ces comportements irresponsables.
Ce virus a également bouleversé nos institutions et le fonctionnement de notre démocratie. Nous devrons en tenir compte, monsieur le président : il faudra que nos assemblées réfléchissent aux moyens de poursuivre leurs activités lorsque nous avons à faire face à un fléau comme celui d’une épidémie. On a vu combien nous étions démunis et devions, jour après jour, sous votre autorité, adapter notre mode de fonctionnement. Il conviendra également d’engager une réflexion sur le contrôle nécessaire du Parlement et l’organisation du travail parlementaire, en liaison avec le Gouvernement. Les moyens modernes, digitaux, de fonctionnement pourraient nous apporter des réponses.
Je ne reviendrai pas sur les aspects électoraux de ce texte, qui ont trouvé une solution, et nous nous en réjouissons. C’était nécessaire, parce que nous sommes dans un État de droit, même s’il ne s’agissait évidemment pas des sujets les plus indispensables.
Je me félicite de l’état d’esprit républicain qui a animé l’ensemble de nos collègues, sur quelque travée qu’ils siègent, et je veux vous remercier, monsieur le président, de la concertation de qualité que vous avez su organiser avec l’ensemble de nos groupes. Nous avons pleinement exercé notre rôle de législateur – cela était indispensable –, tout en apportant un soutien sans équivoque aux actions lancées par l’exécutif.
À mon tour, je signale que notre groupe, bien évidemment, soutiendra par son vote le texte.
Il me reste à saluer le président Bas pour la qualité du travail qu’il a réalisé dans des circonstances particulièrement difficiles et le rapporteur, notre collègue René-Paul Savary. Je tiens à saluer également l’ensemble des fonctionnaires et collaborateurs de notre assemblée, qui n’ont pas ménagé leurs efforts depuis la semaine dernière et ont permis, par leur implication, d’assurer la continuité de notre démocratie.