Intervention de Édouard Philippe

Réunion du 25 mars 2020 à 15h00
Questions de contrôle au gouvernement — Situation sanitaire dans les territoires ultramarins

Édouard Philippe :

Permettez-moi, monsieur le sénateur, de m’associer au coup de chapeau, pour le dire trivialement, que vous adressez aux professionnels de santé, notamment à ceux du centre hospitalier de Mamoudzou et de tous les centres associés. La situation à laquelle ils doivent faire face depuis longtemps, indépendamment de l’épidémie de coronavirus, est si difficile qu’elle suscite une grande inquiétude parmi nos concitoyens.

Vous avez souligné les efforts consentis depuis quelques années pour tenter de rehausser le niveau de soins, en particulier à Mayotte – mais je sais que votre question dépassait très largement le cadre de ce département. Il s’agit de la création de l’agence de santé, qui doit permettre une meilleure organisation des soins, et des moyens supplémentaires accordés à l’hôpital de Mamoudzou. Chacun ici a également à l’esprit les moyens importants mis en œuvre en Guadeloupe pour construire un nouveau CHU plus résilient, lequel n’est pas encore achevé, et pour faire face à des situations sanitaires complexes.

En vérité, monsieur le sénateur, cette épidémie doit être prise au sérieux davantage encore dans les territoires insulaires, compte tenu des caractéristiques que vous avez évoquées. C’est la raison pour laquelle nous avons pris des décisions, très rudes, de limitation, voire de très grande limitation, des vols commerciaux à destination des outre-mer, afin de limiter au maximum les flux et les échanges de populations entre des territoires qui sont, par nature, plus fragiles que ceux de métropole sur le plan de l’organisation sanitaire. C’est pourquoi aussi, en plus des restrictions portant sur l’utilisation des vols commerciaux, nous avons imposé à tous ceux qui partaient vers les territoires ultramarins une quatorzaine stricte à leur arrivée. Néanmoins, vous savez comme moi qu’un certain nombre de cas sont à déplorer en Guadeloupe, à la Martinique, à Mayotte et dans d’autres territoires ultramarins.

Notre objectif est d’abord d’affirmer clairement la solidarité de la Nation à l’égard de tous ces territoires, ceux d’outre-mer comme les autres.

Dans les outre-mer, compte tenu des limites de l’offre sanitaire existante, nous veillons à freiner encore plus fortement qu’en métropole la circulation et la propagation du virus. Pour ces raisons, les préfets d’outre-mer seront sans doute amenés à prendre des mesures strictes, notamment de couvre-feu et de confinement, encore plus sévères que celles qui prévalent sur le territoire métropolitain.

J’ai indiqué lors de mes dernières interventions que, sur tout ou partie du territoire, nous serions conduits, si les circonstances l’exigeaient, à prendre des mesures plus dures qu’actuellement. Au vu de cette perspective éventuelle, et la situation étant différente en Guyane, à La Réunion, en Nouvelle-Calédonie et à Mayotte, j’ai demandé à l’ensemble des préfets de me faire remonter leurs propositions en tenant compte de l’analyse fine de chacun des territoires concernés.

C’est à ce prix que nous pourrons freiner la circulation du virus. Bien entendu, s’il fallait programmer des moyens supplémentaires à destination des outre-mer, nous le ferions, dans la limite de nos capacités.

C’est de cette façon que nous pourrons aider les populations françaises à faire face – je le dis sans ambages et sans fard – au défi considérable qui s’annonce.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion