Dans le contexte de l'épidémie de Covid-19, nous avons connu une première phase de repli et de réflexes unilatéraux. Mais les États membres ont pris conscience qu'ils étaient plus interdépendants que ce qu'ils pensaient et ont progressivement aligné leurs mesures sanitaires, à l'exception toutefois de la Suède. Nous avons d'abord travaillé sur la circulation des biens et des travailleurs transfrontaliers et mis en place une coopération pour le rapatriement des Européens qui se trouvaient hors de l'Europe. Des situations difficiles demeurent, notamment pour leur transit terrestre.
Les institutions européennes se sont ressaisies :
- les États membres sont convenus de la mise en place de green lanes, de la fermeture simultanée des frontières, d'un effort commun de recherche, d'achats conjoints de matériel sanitaire, d'une réponse économique « quoiqu'il en coûte » ;
- la réaction de la Commission européenne a été satisfaisante - aménagements au budget européen, appels d'offre conjoints pour des achats groupés, modulation des règles des aides d'État et du Pacte de stabilité et de croissance (PSC) ;
- d'importantes mesures ont été prises par la Banque centrale européenne (BCE).
Un élément positif qui se dégage du Conseil européen du 26 mars est le consensus fort sur le marché intérieur, la lutte contre la désinformation chinoise et russe, les achats groupés, l'accélération de la recherche, la réponse économique - via le budget de l'Union européenne, la Banque européenne d'investissement (BEI) et la protection des investissements étrangers - et l'aide aux pays les plus vulnérables.
Nous devons nous préparer à l'après, et à la façon de nous donner les moyens d'une véritable reprise. On estime que chaque semaine de confinement fait perdre 1 point brut de PIB annuel à la France. Une partie de l'activité sera rattrapée, mais, même si c'est la moitié, cela reviendrait à 3 points de PIB en moins à l'issue de 6 semaines de confinement. Un effort substantiel d'appui à l'économie est donc nécessaire. Ce paquet global de relance et le degré de solidarité font débat. La France soutient la nécessité d'un outil commun pour financer des projets nationaux en direct ou des projets transversaux sous certaines conditions. Il faudra aussi accélérer les projets d'investissement. Beaucoup sont lancés dans le cadre du green deal et de la transition numérique. Nous sommes devant un choc symétrique, personne n'est responsable de ce qui arrive. On remarque néanmoins un décalage de perception entre différents États, car l'impact sanitaire et donc économique est décalé : la position des pays du nord s'explique par le fait que leur situation sanitaire n'est pas encore la même que celle de l'Italie, de l'Espagne, ou bientôt la nôtre. Ils sont encore dans l'idée que ces pays ont une part de responsabilité.
Nous travaillons donc au niveau de l'Eurogroupe sur le paquet de sortie et la préparation du redémarrage. Les plans déjà annoncés représentent 2 % du PIB de la zone euro et le soutien au financement de la trésorerie des entreprises, 13 % du PIB de l'Union.