Monsieur le sénateur Guerriau, je ne sais que vous dire, si ce n’est que le Gouvernement et moi-même partageons bien évidemment votre préoccupation.
Je ne puis que m’interroger, et même m’inquiéter, quand je vois que, en cette période, l’ensemble des Français, mais aussi les institutions, ont massivement recours aux outils numériques des entreprises américaines. Même l’État, dès lors qu’il s’agit par exemple d’organiser des visioconférences, décide instantanément – c’est peut-être le cas ici aussi – d’utiliser une application américaine, qui, certes, fonctionne très bien, mais qui pose énormément de questions.
Ce que vous dites est totalement fondé. Ce sujet intéresse d’ailleurs beaucoup la Haute Assemblée, qui a mis sur pied une commission d’enquête sur la souveraineté numérique, présidée par M. Montaugé et dont le rapporteur est M. Longuet.
La question de l’émergence de solutions et de champions numériques, français et européens, est au cœur du problème de l’indépendance et du respect des valeurs – vous en avez parlé – de la France et de l’Europe, ce qui corrobore la stratégie qui a été celle du Gouvernement depuis trois ans, parfois un peu raillée sous le terme de « start-up nation » : faire émerger des champions du numérique est indispensable.
On le voit en particulier dans certains secteurs ; je pense à la télémédecine ou à la façon dont, lorsqu’il est devenu nécessaire pour l’éducation nationale de déployer son espace numérique de travail en direction d’un nombre beaucoup plus important d’élèves, la disponibilité de serveurs français a été extrêmement appréciée.
En France, aujourd’hui, sept entreprises sont des « licornes », c’est-à-dire valent plus d’un milliard d’euros. Quatre d’entre elles ont émergé au cours de l’année dernière, en partie grâce à la politique menée par le Gouvernement.
Néanmoins, nous devons accélérer, et la question que vous posez est absolument essentielle en vue de l’après-crise – nous n’y sommes pas encore. Parmi les éléments qui devront fonder la réflexion économique et souveraine de la France et de l’Europe dans l’après-crise figure notre capacité à travailler notre souveraineté dans le domaine sanitaire, tout d’abord et évidemment, puis dans le domaine numérique.