À la notion de fret de service public, je préfère celle de fret d'intérêt général. La concurrence est un fait. Elle est intramodale, mais se constate surtout avec la route. C'est le cas pour la moitié de l'activité de Fret SNCF. Les concurrents du rail n'ont pas attaqué notre trafic, ou marginalement.
Le fret relève d'une question de politique publique. Je pense que le transfert modal peut réussir dans les années qui viennent car la crise sanitaire va rejoindre, dans l'esprit des Français, la crise climatique. Moins de pollution, une logistique recentralisée en Europe et plus respectueuse du développement durable sont des attentes fortes. Nous sommes face à l'opportunité historique de concilier économie et écologie. Il est faux de dire que le train n'est pas économique. En effet, il génère des économies d'externalités tout à fait significatives. Je suis favorable au plan Marshall, avec des investissements de modernisation, et aux états généraux du fret ferroviaire. Notre industrie est extrêmement diffuse sur le territoire. Nous comptons plus de mille usines embranchées, pour de tous petits lots, qui ont besoin d'accéder au réseau transeuropéen. Nous devons accompagner ce mouvement de réappropriation des territoires industriels. Des états généraux réunissant l'État, les régions, les chargeurs et les citoyens auraient un véritable intérêt pour trouver des solutions innovantes.